La Serena, Chile (Amigo de Espinacas)


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July 21st 2018
Published: July 24th 2018
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18 juillet




"Follow, follow the sun

And which way the wind blows

When this day is done"

Xavier Rudd





(À Santiago)

Je prend place au deuxième étage d'un Turbus en direction de La Serena.

Il est 11h25AM.

Je viens d'avaler un hot-dog calfeutré d'avocat et de salsa picante signé généreusement d'une moutarde en lettres attachées.

Bouffe de gare: ça devrait suffire pour apaiser mon appétit durant quelques heures.



Le bus prend la route qui débouche sur la Pan-American, et puis s'enligne vers le Nord.

La grisaille du ciel et le centre-ville bétonné s'échappent enfin de mon regard alors que l'autoroute se déroule sans fin vers l'été.



Rapidement, on entre en terrain abrupte et aride où quelques fois, le décor en biais dévoile des plantations d'agrumes ou des vignobles asséchés par les dernières vendanges. Mais principalement, c'est la rocaille des imposantes montagnes qui règne d'abord sur le paysage. La végétation presque chauve a des allures de fond marin: du lichen, des arbrisseaux coralliens et des cactus au garde-à-vous comme d'immobiles anémones dans les pentes.

Parfois, une rapace tourbillonnante attire notre oeil vers un ciel désormais azuré et sans nuage où brûle un puissant soleil atomique.

Maintenant tout près de la côte, c'est le fort vent du large qui, sans aucun doute, a repoussé le froid et la brumaille stagnant sur la capitale.



Bien vite, le Pacifique apparait à la racine des montagnes, s'éclatant en écume le long des berges où de temps à autres, quelques chaumières aux toitures en tôle et en panneaux solaires s'additionnent pour former des semblants de villages serrés entre l'océan et l'autoroute.

Parfois, des bouquets d'éoliennes surprennent par leur imposante taille d'hélices de vaisseau spatial dans les vallées.

J'ai l'étrange impression d'entrer dans le scénario d'une nouvelle de science-fiction des années 50 présentement, un Ray Bradbury peut-être,

là où des colonies minières basées sur Mercure se feraient envahir par des extraterrestres caoutchouteux voleur de plomb.



L'intense soleil s'efface au loin sur le Pacifique alors qu'on finit par rejoindre la ville cotière de La Serena (La Sirène? La Sérénade? Non.....Google search: Le Serein).

Dans la noirceur, je retrouve l'Hostal el Punto (La Pute? Non....Google search: Le Point) à quelques rues de la station de bus.

Lorsque s'éteint le jour ici, la température descend de manière drastique, presqu'à changer de saison.



Assis dans le dortoir, je m'agrippe une tasse d'eau chaude citronnée que je siroterai à deux mains comme dans une pub de Neocitran.

C'est qu'il fait froid la nuit sur Mercure.





19 juillet



L'architecture coloniale des bâtiments sur La Serena (+ ou - 150 000 habitants) m'amène dans une Espagne à l'époque des conquistadors.

Sa fondation en 1549 fait de La Serena l'une des plus vieille ville du Chili.

On peut aisément se retrouver ici en s'aiguillant à l'un des 29 clochers d'églises qui percent la ville comme un cactus.



Au bout de la rue centrale, rectiligne et parallèle à un corridor de palmiers, un phare bombe le torse face à la mer.

Quelques familles en vacances scolaires prennent la pause sur la plage...

pour certainement entendre le son des vagues, et non pas pour de la bronzette ou de la baignade réfrigérée de basse saison.



"Uno empanadas" que je demande à une vieille dame à la peau couleur de pain d'épices, portant un tablier farineux et une paire de lunettes de lecture lui tombant du cou comme un pendentif.

"Spanish spanish spanish" qu'elle me répond alors, tout en noyant une motte d'épinards dans un chaudron trop petit.



De son comptoir roulant installé sous une bâche, la femme vend des galettes et des biscuits aux étudiants de l'Université tout près.

"Spanish spanish spanish" qu'elle m'interroge peut-être.

"No Comprendo. Inglès, inglès" que je lui répond.



"Espinaca" qu'elle me lance alors en semblant m'inviter à m'asseoir à une table basse devant un autel de condiments.

J'y prend place tout doucement donc, convaincu d'aller y attendre des empanadas

alors que derrière ses fourneaux improvisés,

le tablier semblerait battre des oeufs.



"Espinaca spanish spanish espinaca"

Et la voilà soudainement qui dépose devant moi une part de son lunch du midi: une part de sa tortilla d'épinards accompagné de petites pommes de terre grelots.



La femme s'appelerait Bibianne (ou Vivianne) et rêverait un jour

de visiter... un volcan (damn, je comprend rien de l'espagnol).

La conversation se poursuivit alors comme ça, elle et moi (elle surtout) se jasant sans se comprendre.... pendant plus d'une heure devant le repas-surprise.

"Spanish spanish spanish

spanish spanish

spanish spanish spanish".

"English english"

Quel étrange moment d'intégration dois-je vous avouer.



Au final, le tablier ne me chargera pas pour mon spanish-spinach-tortilla.

Elle a refusé de charger un invité, malgré mes insistances.

"Amigo, qu'elle m'a dit,

amigo de espinacas".



Je suis l'amigo de espinacas.



Etienne X



Note à Moi-Même:

Ne pas oublier de fermer la porte de la salle de bain.

Comme il ne faut pas flusher le papier-cul, la poubelle sent toujours solidement la merde.

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