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Published: February 1st 2010
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Ooooops ! Oui, je sais : cela fait un bail que je n'ai plus donné de nouvelles. Je vous ai laissés en plan à Sydney, il y a de cela plus de deux semaines, et je m'en excuse. Je suis maintenant fraîchement arrivé en Nouvelle-Zélande, mais je ne saurais faire ici l'impasse sur mes deux dernières étapes australiennes, tant elles furent riches d'événements et de rencontres... ce qui explique sans doute ce petit retard. Sans plus attendre, je vous emmène donc, pour cette avant-dernière entrée australienne, en Tasmanie. Une bonne grosse tartine qui, je l'espère, vous plaira.
La Tasmanie. Depuis longtemps, cette île mystérieuse au large des côtes sud de l’Australie a éveillé les intérêts ; un rêve de gosse, lorsque nous examinions la mappemonde, il y a de cela plus de vingt ans. J'ai eu la chance de pouvoir concrétiser ce rêve et je suis bien en-dessous de la vérité lorsque je dis que la Tasmanie m'a séduit. Un peu comme Jeju en Asie, cette île-ci restera indéniablement mon coup de coeur australien. Peut-être parce qu'elle est si différente de sa grande soeur, peut-être aussi parce que j'y ai rencontré de bons amis. Après la Terre de feu et
la Nouvelle-Zélande, il n'est pas de terre habitée plus proche de l'Antarctique. Cela se ressent lors de chaque bouffée d'air, fraîche et vivifiante ; cela se remarque lors de chaque regard posé sur cette nature empreinte de dualités, tantôt paisible et accueillante, tantôt hostile et désolée, toujours magnifique.
Hobart : à l'ombre du Mt Wellington Un jour gris et pluvieux se lève sur Sydney. Inhabituel, cela ne durera probablement pas. Depuis le hublot de l'avion qui vient de décoller, je vois la ville disparaître dans le brouillard. Au-dessus du stratus, le soleil levant joue avec des nuages à la pureté éclatante, pour former de divins tableaux. Encore ensommeillé, je profite de ce spectacle inattendu. Moins d'une heure trente plus tard, le Boeing de
Virgin Blue amorce sa descente et les premiers paysages de Tasmanie se dévoilent à travers la brume : des collines herbeuses couleur feu, de sombres forêts et l'océan, partout, qui, ici plus qu'ailleurs, semble s'ingénier à ciseler la côte en rocs, en caps, en péninsules.
Hobart, 200'000 habitants, est le chef-lieu de l'île. Cité portuaire vieille de 200 ans, bâtie sur les contreforts du placide Mt Wellington, il s'en dégage une agréable atmosphère de
tranquillité. Au centre ville,
Salamanca Square, bordée d'édifices d'époque à l'allure moyenâgeuse, accueille chaque samedi un marché coloré, où les étals de fruits et légumes jouxtent les stands de t-shirts bon marchés, les musiciens de rue et les ateliers de peinture ou de gravure, le tout sur fond de délicieuses odeurs de barbecue.
Le lendemain de mon arrivée sur l'île, par un temps superbe, je me suis élancé sur les sentiers grimpant les flancs du Mt Wellington, en compagnie de Bruno, un Bruxellois rencontré la veille, grand amateur de bières (bien sûr), mais aussi de blancs (là, nous sommes faits pour nous entendre). Quatre heures d'une marche tranquille permettent d’atteindre le sommet et d’en revenir, à travers de fraîches forêts agréablement parfumées et d'étranges rochers dressés vers le ciel, comme les tubes d'un orgue d'église. Les vues sur la baie de Hobart et sur la côte aux formes tourmentées nous ravissent et valent mille fois les quelques efforts consentis.
Urgences Le lendemain matin, 7h15. J'erre comme un zombie dans les rues désertes de Hobart, le regard fiévreux, la démarche vacillante. La fin de nuit n'a pas été des plus simples : réveil en sueur a 4h00 du
mat', crampes d'estomac et passages prolongés dans les commodités. Après avoir attendu quelques heures sans que mon état ne s'améliore, j'ai mis la main sur ma trousse de voyage et découvert avec effroi que les quelques médocs qui auraient pu m'être utiles étaient périmés depuis plusieurs mois. Je peste contre ma stupidité et me mets en tête de trouver une pharmacie de garde. Je finis par croiser le chemin d'une infirmière encore en blouse bleue ; elle vient probablement de finir sa nuit. Elle me fait judicieusement remarquer que les chances de trouver une pharmacie ouverte au centre ville sont proche de zéro : nous sommes dimanche. Raahh ! Pas le choix, je tente ma chance aux urgences de l'hosto de Hobart, tout proche, et me retrouve une demi-heure plus tard en chemise d'hôpital, bracelet de patient au poignet, gouttes à gouttes au bras... moi qui venait juste quémander quelques aspirines.
Confié aux bons soins de l'infirmière Stucki (oui, ça sonne bernois), je vais finalement passer trois heures alité, le temps qu'on analyse ma prise de sang. Je sors de là avec le diagnostic d'une infection virale qui devrait se guérir d'elle-même et une boîte de Panadol. On ne
m'a pas demandé le moindre cent, ni exigé de voir mon assurance. Bizarre, bizarre... Bon, c'est pas le tout, mais la suite du programme n'attend pas. Une heure plus tard, je signe un contrat de location pour une petite kia flambante neuve et m'apprête à décoller pour huit jours de vadrouille à travers l'île, en compagnie du Belge Bruno et de Timo, un jeune footballer-pianiste de Freiburg, rencontré la veille. Pour le coup, je laisse le volant à Bruno pour la journée. C'est plus sûr, après tout j'ai toujours mon bracelet d'hosto au poignet... quoique !
Port Arthur : en cabane ! Le premier arrêt pour notre petit trio européen s'appelle Port Arthur. Ce nom ne vous dit probablement rien, mais, au XIXe siècle, il était synonyme de tourments et d'infamie. A l'époque, en Angleterre, le désoeuvrement, conséquence de l'explosion démographique et de la fin provisoire des guerres, précipita nombre de sujets dans la pauvreté et son corollaire : la délinquance. Le système carcéral anglais fut bien vite pris de court et les prisons surpeuplées. On décida donc d'envoyer les condamnés là où il y avait bien assez de place pour les accueillir : dans les colonies. Voler
une pomme ou une selle de cheval pouvait suffire à vous valoir un aller simple gratos pour l'Australie, à bord d'un
hulk, un ancien vaisseau de guerre converti en prison flottante. On a de nos jours gagné en confort, mais perdu de vue l'aspect économique de ce voyage... dommage.
La Tasmanie disposait de nombreux centres pénitentiaires, où l'on tentait de remettre sur le droit chemin les condamnés. Mais, pour ceux qui, une fois libérés, récidivaient, il n'y avait qu'une seule réponse : Port Arthur. Confinés sur une presqu'île dont l'isthme était gardé par de féroces chiens de combat, les prisonniers – hommes, enfants ou vieillards – menaient une vie dure, faite de discipline rigoureuse, de travaux forcés et de châtiments. Même ici cependant, on essayait de faire de cette racaille d'honnêtes citoyens, parfois avec succès.
De nos jours, Port Arthur est le site touristique le plus visité de Tasmanie. Il reste encore de nombreuses ruines de cette colonie autonome : prison, église, quartiers des soldats, cimetière,... On se ballade au milieu des fantômes du passé, en tentant d'imaginer le quotidiens de ces prisonniers. Cette tâche est grandement facilitée par des marches guidées fort intéressantes, une croisière luxueuse et
instructive dans le port soufflé par le vent glacial venu du sud et un petit musée ludique, individualisant une cinquantaine de forçats, parmi lesquels les visiteurs sont invités à reconnaître celui figurant sur leur billet d'entrée. Comme hantés ou maudits, les lieux ont refait tristement parler d'eux lorsqu'en 1996, un grand malade y a fait un carton à l'arme automatique, ôtant la vie à 36 personnes en quelques heures.
La côte est : plages, marches et régime italien Bénie par un climat plutôt clément, la côte est de la Tasmanie dévoile une succession de plages cernées par les forêts ou les collines nues, ponctuée de petits ports de pêche et d'aires de camping. La perle du coin se trouve au coeur du parc national de Freycinet, une péninsule dominée par d'abrupts monts aux rocs orangés et aux arbres sombres. Là, parfaitement ourlée par les vagues,
Vineglass Bay et sa plage de sable blanc baignée par des eaux turquoises semblent sortir tout droit d'une brochure de voyage pour les Caraïbes. Un demi-orteil trempé dans l'eau suffit cependant à rappeler bien vite que l'on ne se trouve pas sous les mêmes tropiques ; on se contentera de contempler cette merveille
depuis la plage ou, mieux, depuis le sommet du Mt Amos, qui la surplombe.
Peu effrayés par cette grimpette pourtant décrite comme difficile, nous entamons l'ascension après une boucle de trois heures nous ayant fait découvrir plusieurs plages constellées de coquillages. La déclivité n'est pas trop impressionnante, mais la roche, étonnamment traîtresse et glissante, met à rude épreuve mes Salomon, jusqu'ici rarement prises en défaut. Timo, du haut de ses 20 ans et de son entraînement de footballer, distance bien vite les deux aînés, qui ont opté pour une progression prudente, mais régulière. Bon, nous avons tout de même explosé de plus d'une heure les indications données pour l'aller-retour, signe que le pas est encore sûr et le rythme honorable. Ouf ! La vue plongeante sur la baie (en image panoramique ci-dessus, notamment) valait bien que l'on prenne ce risque calculé, non ?
Avant de prendre sérieusement la direction du centre de l'île, nous avons encore fait halte sur
Bay of Fires, pour quelques parties de foot sur de bien belles plages, et a Bisheno, une bourgade réputée pour ses colonies de pingouins. Ceux-ci sont cependant obstinément restés cachés dans l'obscurité de la nuit ; qu'à cela ne
tienne, nous avions nos deux bouteilles de blanc journalières au frais et notre sélection de pates sauce "maison" prête à être cuisinée ; un régime savoureux qui nous accompagnera, avec de multiples variations (s'agissant des sauces), tout au long de notre équipée, grâce au talent de notre
mastercook belge.
Face à face avec le Diable Le séjour en Tasmanie n'aurait été complet sans rendre une petite visite au plus célèbre de ses résidents à quatre pattes. Menacé d'extinction par un genre de tumeur méchamment transmissible, ce petit teigneux à la robe noire parée de blanc mérite bien son nom de Diable. Une mâchoire digne d'un molosse, un goût prononcé pour la chaire fraîche doublé d'un appétit démesuré, et un caractère bien trempé... il est la terreur des wombats et des wallabies.
Dans un centre abritant une trentaine de pensionnaires sains, nous avons eu l'occasion de voir à l'oeuvre cinq ou six de ces bêtes fauves à l'heure du dîner. Ce fut une bataille sans merci, tous se jetant à grands coups de crocs sur une moitié de kangourou qui fut entièrement dévorée, peau comprise, en moins de 15 minutes. Impressionnant ! Je peux même dire que j'ai
touché le diable (si si), enfin plutôt une diablesse qui manifestait régulièrement sa mauvaise humeur en grognant, dans les bras d'un membre du staff. Tout bien considéré, je préfère le gentil wombat et sa tronche sortie d'un cartoon.
Cradle Mountain : un mythe est né Au beau milieu de l'île, là où des pics escarpés dominent des lacs aux eaux sombres, sous des cieux bien souvent menaçants, se trouve le vaste parc national de
Cradle Mountain – Lake St Clair. Les trekkeurs mettent cinq à six jours pour traverser le parc de part en part, le long d'un tracé pédestre qui passe pour être le plus beau d'Australie. Rien que ça ! Faute de temps et d'organisation – il nous aurait fallu tout de même résoudre le problème posé par le transport d'une quinzaine de bouteilles de vin – nous nous sommes limités à une journée de marche dans le parc. Mais quelle journée ! Après avoir longé les rives du lac Dove, bordées de forêts colonisées par les lichens, nous nous sommes élevés sur les crêtes cernant le lac comme un écrin et offrant mille et une sublimes opportunités de photos. Puis, après deux heures de marche,
nous nous sommes gaillardement attaqués au sommet. Cradle Summit se défend plutôt bien, en dépit de ses 1545 m d'altitude. Vaincre le sommet implique de gravir de larges pierriers et d'escalader quelques parois corsées en choisissant judicieusement son chemin. Il ne fut toutefois pas question de varappe, fort heureusement pour nous.
Une fois les dernières hauteurs atteintes, se dévoile une vue a 360 degrés sur les pics environnants. Nous restons là, accrochés entre ciel et terre, à admirer ces paysages tourmentés, sur fond de nuages noirs, qui ne sont pas sans rappeler la Nouvelle-Zélande, nous confie un autre grimpeur. D'ailleurs, une fois redescendus sur terre, et alors que notre trio file à grandes enjambées sur un sentier de pierres blanches traversant un plateau herbeux désolé, une musique familière résonne à mes oreilles... et je souris en jetant un coup d'oeil par-dessus mon épaule : Bruno, tel un certain petit barbu irascible, est légèrement distancé. Cette fois-ci, nous ne rattraperons pas le groupe d'Urukais...
La fin de la route C'est à Launceston que notre équipée fantastique prend fin et que je me décide à ôter le bracelet d'hosto qui m'a accompagné durant toute la semaine. Timo, qui s'est
fait plaisir et nous a ébahi au son des ballades de Yann Tiersen sur un piano de notre backpacker, me devancera d'une journée à Melbourne. Quant à Bruno, il s'est décidé à tenter une aventure éco en allant bosser quelques temps dans une ferme, sous la houlette d'une famille de végétariens. Bon courage et merci les gars pour cette splendide aventure en Tasmanie !
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Rose
non-member comment
As-tu un problème quelconque avec le fait de manger des pâtes tous les jours ?!?!? ^^ Joli joli l'escapade à 3, ça doit être des moments vraiment sympas... Magnifiques ces plages avec le contraste de la pierre rouge ! Evidemment, ça donne plutôt envie... surtout que pour le moment, par ici si tu regardes dehors, tu ne vois que tunique blanche recouvrant toute trace de goudron et un thermomètre n'arrivant pas dépasser la barre des 0 degré °C. Bonne suite à toi en New-Zealand ! :)