Des adieux


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Africa » Rwanda » Province du Sud
July 1st 2008
Published: July 1st 2008
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Deja la deuxieme et derniere semaine de mon stage de chirurgie vient de se terminer. Ce fut une semaine beaucoup plus tranquille et nettement moins eprouvante que la precedente hormis pour une legere indigestion qui m'a forcee a passer la journee au lit apres avoir perdu connaissance durant une chirurgie de greffe de peau sur une plaie ulceree:
Me sentant soudain tres faible et nauseuse, j'eus a peine le temps de m'ecarter du patient et de sentir l'anesthesiste me soutenir avant de m'effondrer, molle comme un chiffon.
Ayant une grande indulgence pour les faiblesses des femmes blanches, le Dr Laurent m'a aussitot ordonne d'aller me reposer a la maison ou j'ai retrouve Jenny, une autre canadienne qui fait son stage en pediatrie, elle aussi victime de la fameuse tourista.
Nous avons donc passe la journee entiere etendues sur un lit a dormir, dorlotees par Sebastien, un autre etudiant belge avec qui nous habitons, qui nous apportait du the, des bananes ou tout autre chose dont nous avions besoin.
Le lendemain, parfaitement remise sur pied, j'etais de retour a l'hopital ou une tache penible m'attendait : le debridement des brulures de Damascene, le petit garcon de 3 ans. Encore une fois, la vision de ce petit corps decharne aux ongles noircis m'a bouleversee profondement et revolte tout a la fois. Revolte, car en contemplant ses plaies sanguignolentes et necrotiques, je n'arrivais pas a comprendre comment tous les chirurigiens pouvaient ignorer ses souffrances. Si ce n'etait du Dr Claude, un resident congolais, qui se bat a chaque matin avec les infirmieres pour l'ajouter sur le programme operatoire d'ou il a ete honteusement oublie, cet enfant pourrait demeurer plusieurs jours dans son lit sans qu'un seul medecin pense a changer ses pansements souilles.
Heureusement, il semble sur la voie de la guerison. Vendredi, le neurochirurgien, Dr Marcos, a perce des trous dans son crane mis a nu afin de forcer la formation de tissu cicatriciel permettant eventuellement de lui faire une greffe de peau. Petit a petit, il reprend des forces.
Damascene a neanmoins de la chance dans son malheur. A travers tous les imbroglios engendres par les multiples problemes administratifs et logistiques, il a bien failli etre transfere dans une des salles d'hospitalisation. Seule l'intervention du Dr Patrick qui a affirme que cela equivalait a le condamner a mourir d'une infection en quelques jours lui a permis de conserver sa place tant convoitee en salle de reveil.
Tout cela a debute lorsque le Dr Jules, chef du departement, a annonce a la reunion de jeudi matin que toutes les chirurgies etaient annulees jusqu'a nouvel ordre. Les chirurgiens n'assurant pratiquement aucun suivi de leurs patients hospitalises, les chambres ainsi que la salle de reveil ne contenaient plus un seul lit disponible. Il fallait donc faire une tourne generale ou plutot un grand menage afin de renvoyer le plus de malades possibles a la maison.
Pas evident lorsque la plupart des patients sont des malades chroniques ou en attente d'une hypothetique chirurgie sans cesse reportee.
Il faut egalement mentionne que pratiquement la moitie des lits ne possedant plus de matelas, cela reduit d'autant plus les capacites d'accueil des chambres.
Voila donc pourquoi le lit de Damascene se trouvait fortement convoite.
Il le conserva heureusement et, a la fin de l'avant-midi, quatre lits avaient neanmoins ete liberes en salle de reveil, combles des le lendemain par quatre nouveaux cas, dont une patient que j'ai opere moi-meme.
Comme a plusieurs reprises, une enorme confusion entourait son cas. Elle avait ete referee du departement de medecin interne pour l'exerese d'une tumeur mammaire.
Effectivement, a l'examen, il etait possible de voir et palper une grosse masse dure occupant toute la partie superieure du sein. Cependant, sa forme particuliere fit penser au Dr Andrew qu'il s'agissait plutot d'un abces. Diagnostic facilement verifiable : une simple seringue inseree dans la masse permit en effet de demontrer la presence de pus jaunatre.
Changement complet de programme: Au lieu de devoir lui enlever un cancer de la taille d'un melon, il suffisait simplement d'ouvrir, nettoyer et d'installer un drain.
"So Isabelle, you can do that, can't you?", me demande innocement le Dr Andrew en me tendant le scalpel.
Et moi de sauter sur l'occasion.
"Of course I can"
Me tenant legerement de cote; je fis une delicate incision sur le sein de la femme et ce fut le Dr Andrew aui surveillait mon travail qui recut la premiere giclee de pus liberant la pression dans l'abces.
Ce fut ma dernier chirurgie.
Quelques heures plus tard, Jenny partait pour Kigali pour prendre son vol de retour et elle ne fut que l'une des nombreuses personnes a qui je dis au revoir ce jour-la.
Je ne pensais pas m'attacher autant a tous ces gens en quelques semaines, mais leur accueil fut si chaleureux et amical que j'ai l'impression de perdre des amis de longue date. Ce vendredi, malgre le soleil qui brillait sur les collines, fut pour moi une journee nuageuse.
Le soir, oubliant ma tristesse, je suis sortie au Melo-Twist, la seule discotheque de Butare, avec Devi; la troisieme fille qui faisait son stage avec Jenny et moi, et plusieurs amis pour son party d'adieu au Rwanda. Encore un autre adieu qui approche.
Rentres a 5 heures du matin, non pas parce que nous etions fatigues, mais parce que les hommes commencaient a etre trop insistants, nous avons dormi trois heures avant d'etre reveillees par Delphie, une amie de Devi arrivee de Ruhengeri pour nous visiter.
Et le samedi soir, desirant sortir encore une fois, nous avons vainement tente de trouver un endroit avec de la musique et de l'ambiance. Echec total. La semaine de relache des etudiants de l'Universite rend inexistant le nightlife de Butare. Nous avons donc abouti, Devi, Sebastien et moi dans un petit bar desert et sans electricite ou nous avons bu de la Primus chaude, l'infecte biere locale, a la lueur d'une chandelle tout en ecoutant Garou et Celine Dion chanter leurs vieux succes a la radio.
La scene me paraissait presque irrelle, mais terminait sur une note originale ma dernier semaine de chirurgie.
Me voila maintenant libre comme l'air, libre de profiter de la vie et de voyager avant de revenir a Butare dans trois semaines pour debuter mon stage a l'hopital de district.
Pour l'instant, je n'ai aucun plan pour ces semaines. Je me contente de savourer le bonheur d'etre en Afrique avec son rythme indolent et sa chaleur enveloppante avant de devoir lui dire adieu dans quelques semaines.

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