Fijis : Retour sous les tropiques


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Oceania » Fiji » Viti Levu » Nadi
April 4th 2010
Published: April 14th 2010
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Je savais depuis un bout de temps que Vancouver allait être mon point de chute, de l'autre côté du vaste Pacifique. Ce que je ne savais pas, en revanche, c'est qu'allait m'être offerte la chance de faire deux arrêts imprévus sur la route. Après quelques heures de farfouille sur la toile et des réservations forcées dans une agence de voyage de Melbourne, je me suis retrouvé avec trois e-ticket en poche : Auckland – Nadi, Nadi – Honolulu, Honolulu – Vancouver; le tout pour un peu moins cher qu'un vol direct. Chic ! Bon, au final, l'opération s'est en fait avérée un peu plus couteuse que prévue. Une erreur dans les dates de réservation par cette foutue agence et une confiance mal placée de ma part m'ont forcé à reprogrammer mon dernier vol vers la Canada. J'ai finalement eu pas mal de bol : premièrement, je m'en suis rendu compte assez tôt, alors que je me trouvais en Nouvelle-Zélande, deuxièmement, il s'agissait du vol le moins cher, remplacé par un autre encore moins onéreux et, troisièmement, cette erreur a fait passer mon séjour à Hawaii de 4 a 10 jours, ce qui ne devrait pas être pour me déplaire... enfin, je vous reconfirmerai tout ça après mon passage chez les Ricains, pour autant que je passe la douane.

Le premier stop, c'est donc les Fijis, cet archipel qui fait résonner des airs de tropiques à l'autre bout du monde. L'ancienne colonie britannique a le redoutable honneur de faire directement suite à un séjour néo-zélandais qui fut sans conteste l'un des points d'orgue de mon voyage. Je sais que le tiercé "plages – resorts – cocktails" ne parviendra guère à m'occuper plus de deux jours, ce qui me laisse songeur quant au programme des sept autres jours. Mais, le chemin qui m'a mené jusqu'ici m'a aussi appris les bienfaits du changement d'environnement et ça tombe bien, car, après cinq mois en Australie et en Nouvelle-Zélande, celui-ci sera radical, dès ma sortie de l'avion.

Retour sous les tropiques

Plus de 2'000 km et trois heures de vol plein nord depuis Auckland et je dois sévèrement réajuster mon thermostat perso. Deux mois en t-shirt par 20 C° de moyenne m'ont donné un petit choc thermique en arrivant à Nadi, lors d'une soirée orageuse flirtant avec les 30 C° et les 95 %!d(MISSING)'humidité.

C'est le sauna dans le petit aéroport. Deux vols en provenance de Sydney et Auckland viennent de déverser leur flot de touristes aux bagages surdimensionnés, tandis qu'un speaker grésillant rend presque inaudible le discours de bienvenue d'un officiel. J'ai consciencieusement rempli ma déclaration de douane, signalant le moindre bibelot en bois ou pendentif-coquillage qui, depuis la Chine ou l'Indonésie, décore mon sac ou ma personne. Un zèle auquel l'Océanie m'avait habitué, mais bien inutile par ici. La préposée à la douane ne jette même pas un coup d'œil au papelard et me laisse passer en souriant. Dans le taxi qui traverse la nuit et m'emmène à l'hôtel, je retrouve presque avec délice les rues défoncées et mal éclairées, les suspensions inexistantes et la chaleur que les fenêtres ouvertes ne parviennent pas à dissiper. Retour sous les tropiques !

Nadi n'est pas la capitale du pays, ni même la seconde ville. C'est pourtant ici, sur la côte ouest de Viti Levu, l'île la plus peuplée des Fijis, que les touristes débarquent. La proximité des archipels paradisiaques des Mamanucas et des Yasawas, aux resorts bordés de plages idylliques, explique sans doute ce fait. Le flot ne fait donc que transiter par Nadi, avant de s'embarquer pour les îles. La perspective de rester bloqué sur un atoll en attente du prochain bateau, coincé entre les couples en lune de miel et les jeunes fêtards, m'a fait choisir un itinéraire plus flexible. Je vais rester sur Viti Levu. C'est dingue, même une plages aux eaux impeccablement translucides ne me tente pas plus que ça ; aaah vivement le Canada, le vent, la neige et le froid ! ... Non, mais qu'est ce que je raconte ?!

Bula !

C'est ainsi que l'on se salue aux Fijis et ça se dit avec un enthousiasme monstre, doublé d'un large sourire. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Fijiens ont le sourire facile et l'approche amicale. Et je ne parle là pas uniquement de l'employé de resort – pour qui ca fait partie du job – mais aussi du fermier entretenant son champ, de la commerçante devant son étal de fruits et légumes ou du fidèle à la sortie de la messe du dimanche. Vous me direz, vivre sur une île paradisiaque, forcément, ça aide. Ouaip. Sauf que tout n'est pas si rose par ici : la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les coups d'Etat militaires se succèdent à un rythme régulier depuis 1987, les tensions entre Fijiens d'origine et Indo-Fijiens s'exacerbent sur fond de disputes foncières et le dernier cyclone en date a laissé des dizaines de milliers de sans-abris. Vu comme cela, la nature enjouée des habitants paraît d'autant plus précieuse, animée par un attachement profond au pays. Ils sont comme ça les Fijiens.

En dépit des commentaires, votes et autres awards, c'est toujours une loterie de réserver un hôtel sur Internet, surtout lorsque l'on a aucune idée du pays en question. A Nadi, mon choix s'est porté sur une petite pension familiale à l'atmosphère tranquille. Pas été déçu. J'y ai de surcroît rencontré une brochette éclectique de voyageurs, bien que très majoritairement britanniques, et dégusté une cuisine divine, parmi les toutes meilleures depuis que j'ai pris la route. Sacré changement, après cinq mois durant lesquels j'étais mon propre chef.

Kava, bains de boue et chemins de travers

Aux Fijis, il est une boisson sacrée, dont les origines remontent à la nuit des temps : le Kava. Les habitants lui prêtent toutes sortes de vertus, dont celle d'assurer une santé de fer jusqu'à 100 ans passés, à condition d'en user régulièrement. Accompagné par d'autres voyageurs intrigués, je suis allé prospecter sur les étals colorés du marché de Nadi, là où se vend la précieuse racine de kava, à la base de cette préparation locale, et où il est possible de faire une petite dégustation. Faite de manière traditionnelle, à partir de racines réduites en poudre grise que l'on laisse infuser dans l'eau, la décoction a l'apparence blanchâtre d'un lait trop écrémé et un arrière-goût de médicament. Les effets sont relaxants, voire anesthésiques ou narcotiques, selon la dose ingurgitée. Le kava joue un rôle primordial dans la culture des habitants de l'île. C'est autour d'un verre de kava que l'on se réunit en famille ou entre amis pour marquer une occasion, ou simplement à l'heure de l'apéro. Pas mal, mais je pense rester au Johanniss pour ma part.

La campagne entourant Nadi n'a rien de très touristique, c'est le moins qu'on puisse dire. Dès que l'on quitte la route principale bitumée, faisant le tour de l'île, les pistes se font aléatoires et plutôt rugueuses. Un coin au pied des Montagnes du Géant Assoupi est, paraît-il, connu pour ses sources thermales et ses bains de boue aux vertus curatives. Si, comme moi, vous vous attendez à débarquer dans un centre thermal proprement dit, vous risquez d'être très surpris. Au fond d'une piste, après avoir traversé des champs cultivés, nous arrivons sur une propriété dominée par une petite masure en tôle, sur une colline. Un fond de musique ska, des gens assis sur des bancs, un match de volley-ball, des bambins qui courent pieds nus dans tous les sens : nous arrivons au beau milieu de ce qui semble être une fête de famille."Euh... dites, c'est bien ici le spa et le centre thermal ?" "Oui, oui" qu'on nous répond. Ici, on joue la carte de la simplicité et du naturel. Nous découvrons sur place un torrent d'eau chaude, alimentant plusieurs mares de boue. L'infrastructure locale se limite à quelques bancs de bois, c'est tout. Au fond pourquoi pas ? Passé le choc de la surprise, nous entrons prudemment dans ces eaux troubles. Le fond est couvert d'une bonne couche de boue argileuse à la douce consistance. Il ne reste plus qu'a s'en mettre partout, sous le regard curieux des gosses qui devaient se demander pourquoi ces quatre touristes venaient patauger dans la boue.

Le jour suivant, j'ai fait équipe avec un étudiant cinéaste anglais et un ex-flic écossais. L'idée, c'était de partir sur les petites routes de montagne pour la journée, au volant de notre propre caisse. Dit comme ça, ça sonne très aventureux, mais je ne suis en fait même pas sur que nous avons fait plus de trente bornes durant cette pleine journée. Les suspensions de notre Toyota, "louée" à un gars du coin, avaient déjà bien vécu et la tire raclait presque tout ce qui dépassait de plus de 10 cm au-dessus du niveau de la piste, ce qui nous a souvent conduit à marcher aux côtés du véhicule pour l'alléger et rarement permis de dépasser les 20 km/h. Les rires en inspectant la route, en discutant avec les villageois sur les conditions de la piste, en choisissant le passage le moins risqué après délibérations et en râtelant la piste pour la rendre praticable. On était bien loin de l'expédition "Camel Trophy" envisagée au début, mais nous somme tout de même parvenus à grimper les collines jusqu'au petit village de Natawa, où l'Ancien nous a fait les honneurs de l'accueil, au milieu des habitants amusés.

Coral Coast : the Uprising

La Coral Coast s'étend au sud de l'île de Viti Levu, entre Nadi et la capitale Suva. Les plages bordées de cocotiers, les villages endormis et les eaux claires riches de diversité biologique ont rendu très populaire cette destination. Le trajet de deux ou trois heures, en bus local, m'a beaucoup plu. L'engin fait certes un boucan de tous les diables et n'avance quasiment plus dès que la route s'élève, mais ça fait partie du charme local et le spectacle offert par les Fijiens, toujours en train de discuter et de rire aux éclats, est plutôt dépaysant. La coupe de cheveux féminine en vogue, c'est le bon casque épais et frisotté à cœur, ce qui donne plaisamment l'impression de se trouver de retour dans les seventies.

Après un bref arrêt à Mango Bay, un resort décontracté accueillant avant tout une faune jeune et turbulente (c'est pas si mal pour une nuit), j'ai posé plus durablement mon sac à Uprising. Le coin a l'avantage de mêler backpackers et clientèle plus smart, dans un resort classe au personnel stylé. De plus, élément déterminant dans mon choix, l'éventail d'activités sur place est assez large. C'est ainsi que j'ai pu profiter d'aller snorkeller sous la pluie, le long des côtes de l'île voisine de Yanutha, et partir en trek dans les collines, une fois de plus en charmante compagnie ! Traversée de marécages et de rivières à pied, bain sous les chutes d'eau, peintures tribales à base de roche pilée et canotage dans la mangrove ont marqué cette journée. Ah, histoire de mettre l'ambiance durant le trek, les guides n'ont pas manqué de signaler que le film Anaconda 2, obscure suite du "cultissime" premier du nom, a été tourné aux Fijis, avant de souligner qu'on a plus vu ce genre de bestiole sur Viti Levu depuis des lustres. Moi ça m'a fait sourire, mais pour une autre raison... aaah quel acteur ce Jon Voight !

Bénédiction

De retour à Nadi, je passe la matinée du dimanche pascal – mon dernier jour sur place – à l'église du coin, qui accueillait ce jour-là une ribambelle de futurs baptisés. Musique enjouée, mais ambiance plus retenue que je ne le pensais ; il faut dire que mon séjour en Jamaïque, il y a quelques années, avait placé la barre assez haut en la matière.

Ces dix jours aux Fijis ont en définitive filé bien plus vite que je ne l'imaginais ; c'est dire que je ne me suis pas ennuyé, en dépit de mes craintes et d'une météo pas toujours au beau fixe. Resteront longtemps dans mes souvenirs, le sourire et le sens de l'accueil incomparables des Fijiens.



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14th April 2010

Fantastique
Quelle belle petite halte. Je voulais te féliciter pour cette magnifique photo du crépuscule, un mot : SPlendiide (comme on le dit par chez nous). Par ici, le temps radoucis et les jupes se fendent. Ce qui n'est pas pour me déplaire. Les skis ont rejoins la cave et le barbecue a tremblé pour la première fois cette année(bon, j'avoue que ça pelé un peu en training sur le balcon). Bonne route pour Hawaii (pour le plaisir, la série culte : http://www.dailymotion.com/video/xabss_hawai-police-d-etat-generique) A bientôt Pierro
15th April 2010

Ahhhhhhhhhhhhhhhh c'est tout le bras là qui part ^^ Dommage pour le temps qui semblait nuageux mais belle petite étape :) Bonne continuation mon cher Aknod
16th April 2010

Salut les amis et, une fois de plus, merci pour vos commentaires ! Ah, ca me rassure de savoir que le temps et les moeurs se réchauffent par chez nous ; ca facilitera la transition, apres des mois et des mois en été :) He he, Hawaii Police d'Etat, je connais la musique par coeur, bien que la série me soit plus inconnue... et faudrait pas oublier Magnum, bien sur, meme si j'ai pas croisé la gueule au volant de sa Ferrouze, dommage. Sinon, Ben, je suis désolé de te faire souffir si atrocement, mais ravi de voir que la greffe fonctionne bien ; je pensais que les deux bras étaient déja partis y a longtemps :D
18th April 2010

Je vous suis toujours ......et vos récits me font toujours autant rêver et m'instruisent....... Je me dis qu'un jour, j'irai p-e dans ces pays. Mon fils, lui , est en Amérique du Sud maintenant et mon mari et moi allons le visiter au Pérou en août. Bonne continuation !
19th April 2010

Bonjour Martine ! Merci de suivre mon petit périple aussi fidelement et bonne chance pour le Pérou. Personnellement je ne connais pas, mais il y en a d'autres qui doivent m'en dire des nouvelles :)

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