Sydney (Le Départ de l'Australie)

---

3 avril

(Sydney)

Mon cadran sonne.

Il est 6h10AM dans le petit dortoir complet du Blue Parrot.

Je me lève en silence et me rend dans la toute petite cuisine communautaire au premier étage.

Accroché à son MacBook, un indien arrivant de Dubai encore sur le jetlag y est déjà. Les autres habitants de l'auberge, eux, dorment encore, assommés par leurs lendemains de veille en série.



Je m'enfile un bol de céréales rapidement et je traverse la rue déjà mouvementée de joggers devant l'hostel.

C'est là que m'embarquera un bus touristique pour une journée organisée aux Blue Mountains dans les environs de Sydney.

Il est souvent moins compliqué de se faire organiser un tour que de tout configurer par soi-même. Il suffira donc aujourd'hui d'écouter le chauffeur, d'acquiescer et de suivre la masse en bêlant.



Le groupe auquel je me joint est formé majoritairement de retraités. Le conducteur du bus parle parfois au micro et décrit les environs. Il lance quelques blagues réchauffées que la masse s'empresse de répondre en riant.

Je ne comprend pas tout ce qu'il dit.



"Wejshcomfrom" que me demande mon voisin de banc.

"What?"

Celui-ci débarque d'Irlande du Nord.

"Wejshcomfrom, wejshcomfrom?"

Je le ferai répéter quatre fois avant d'abdiquer.

J'avais oublié à quel point l'accent irlandais de patate-chaude-en-bouche est difficile à comprendre.

Heureusement, l'accent australien est plus facile à suivre.



On débarque en troupeau aux Blue Mountains, et aux téléphériques, et au Featherdale Wildlife Park aussi.

On m'attache un bracelet vert de touriste et on me remet un coupon "lunch".

Je suis encadré.

Je fais la file pour flatter le wallabi, et puis j'attend mon tour pour être photographié avec le koala.

C'est comme à la cafétéria ce tour.

Mais ça me va. Je n'ai pas à me poser de questions.

"11h00AM back in the bus"... "1hour for lunch"... "4h30PM here".

Tout est ordonné.

Tout est planifié.

C'est loin d'avoir été le cas en Indonésie tout ça.



J'embarque dans le traversier à l'heure qui était prévu d'y prendre place et on retourne au coeur de Sydney au coucher du soleil.

Un bateau de croisière colossal quitte le port au moment même où nous arrivons au Circular Quay.

Celebrity Cruises. Solstice.

C'est toujours impressionnants de voir ces bêtes immenses comme des gratte-ciel flottants qui voguent lentement dans les baies.

Difficile de comprendre comment on arrive à faire flotter de si gigantesques bâtiments je trouve.

C'est comme d'arriver à faire voler les avions.

Ça me fascinera bien toujours.



4-5-6 avril

Je passerai ces derniers jours à Sydney, rôdant au hasard dans les quartiers, passant de l'intrigante ChinaTown aux parcs urbains assailli par les ibis et les perroquets gueulards qui hochent de la tête comme des guerriers aborigènes.



Il fait soleil parfois, mais c'est plutôt la pluie qui eût le grand rôle durant ces derniers jours.

Il y a heureusement le salon communautaire de l'hostel où je peux attendre le retour du beau temps.

Mais l'endroit est plus souvent qu'autrement envahit par les adolescents végétatifs qui attendent que le temps passe comme des légumes-racines.

Certains travaillent parfois, et d'autres espèrent une rapide entrée d'argent pour pouvoir prolonger leur sieste de quelques jours, ou semaines, ou de quelques mois.

C'est comme un rite de passage tout ça.

Le soir, les dudes enfileront bières sur bières en occupant tout l'espace tandis que le faible nombre de filles de l'auberge feront les belles... ou s'enfermeront dans les dortoirs, pompettes, en pleurant leur solitude et le fait qu'elles sentent ne pas avoir d'amis (!).

C'est comme une mascarade d'egos ici, où tous les jeunes semblent courir après leur queue en se bombant le torse.

Il faut que jeunesse se passe paraît-il.

Ça me rappelle l'époque du Cégep que je disais.

Voilà.

Et je suis content que cette période soit derrière moi.





C'est demain que s'achève ma semaine à Sydney et par conséquent, c'est aussi la fin de mon long périple en Océanie (et en Indonésie).

D'aéroports en aéroports, je retournerai silencieusement au Québec.

J'espère sincèrement revenir et découvrir davantage l'Australie.

Il y a certainement de belles aventures à expérimenter ici,

mate.



Etienne X

---