Épopée du Transsibérien 1ière partie – Transmongolien et vie chez les nomades


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Asia » Mongolia » Terelj
November 25th 2012
Published: November 26th 2012
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Pour faire changement, cette fois-ci, ce n’est pas d’un train que j’écris. Il est 22h, j’ai un beau feu de foyer à mes côtés et je suis dans une yourte dans la campagne mongole à profiter d’une soirée d’une belle soirée comme j’en rêve depuis longtemps. Le grand air à ma porte, le bruit et le tumulte de la grande ville n’est plus qu’un souvenir. Bien entendu elle reviendra vite, mais pour quelques jours je me permets de l’oublier. Vous vous-en doutez certainement, ce rendre ici ne s’est pas fait en criant ciseaux!

D’abord, il fallait quitter la chine et juste d’y penser me rendais plus qu’heureux pour deux raisons. Premièrement, il était plus que temps de laisser les chinois derrière moi et deuxièmement, notre traversée du contient eurasien s’amorçait avec le Transmongolien, trajet de train préalable au Transsibérien. Jusqu’à maintenant, nous avons effectué des dizaines de voyages en train mais celui-ci est très spécial pour moi. Partir de l’extrémité est de l’Asie pour aboutir en Europe par la terre c’est sans doute quelque chose que je ne referai plus jamais.



Étape #1 – Beijing à Ulaan Baatar, capitale de la Mongolie (30h et environs 1500 km)



En arrivant dans le train, une bonne et une mauvaise surprise nous y attendait. La mauvaise, le train n’étais pas encore chauffé (et ça a pris 12h avant d’avoir chaud) et la bonne, Hélène et moi étions seuls dans notre cabine destinée à 4 personnes. Nous avions donc notre salon privé pour toute la durée du trajet. Ce qui était parfait pour lire, écouter des films, dormir et même faire certains travaux de couture qui s’imposaient… (Un de mes nombreux talents caché…)



J’ai aussi profité de mon temps à bord pour explorer le train et ma découverte la plus surprenante fût sans doute le système de chauffage. Une déformation professionnelle vous me direz, mais tout de même, je n’aurais pu imaginer que chaque wagon soit équipé d’une petite chaudière au charbon qui alimente une boucle d’eau chaude qui à son tour, redistribue la chaleur dans l’habitacle. Pas étonnant que sa prenne une éternité à réchauffer la place!



J’ai aussi été assez surpris de voir qu’à la frontière entre la Mongolie et la Chine, tous les ‘’sets’’ de roues étaient remplacés car les rails ont un écart différent d’un pays à l’autre. Cet arrêt était par la même occasion le contrôle des douanes et à notre grand soulagement, les officiels chinois n’ont pas profité de leur dernière chance pour nous écœurer. (il faut quand même spécifier qu’il était littéralement minuit moins une lorsque le train à quitter le pays… au dernier jour de validité de notre visa!)



Le voyage en train nous a aussi permis de faire la connaissance de Mike, un gars de Halifax, Liz, une fille de Toronto et Mitch, son copain australien. Ce fût donc bien agréable de casser la croute en leur compagnie à quelques reprises au wagon restaurant.



Nous sommes donc arrivés à Ulaan Baatar avec juste assez de temps pour compléter notre magasinage de bottes (et j’ai malheureusement dû me résigner à payer 135$), aller visiter le musée d’histoire naturelle pour y voir des squelettes de dinosaures et réserver notre voyage quatre jour chez les nomades qui nous ont accueillis dans leurs yourtes. Voici mon journal de cette petite expédition.



Jour #1



Nous sommes arrivés en fin d’après-midi au parc national de Terejl, situé à deux heures d’autobus de la capitale en compagnie de notre nouvel ami Mike, qui deviendra sans doute un bon compagnon de voyage. Malheureusement le décor qui nous entoure demeure ce soir encore inconnu pour moi. Les vitres de l’autobus étaient tellement givrées qu’il était impossible d’admirer ce qui nous entourait et comme tout notre trajet à cheval de 7km vers le campement de la première famille qui nous accueille s’est fait de nuit, tout est encore une surprise qui me tarde de découvrir. Mais je dois tout de même dire que ce trajet dans la pénombre de la nuit avait un petit quelque chose de surréel. Je ne pouvais rien distingué clairement devant moi à part la silhouette de mes compagnons surs leurs monture et les arbres qui apparaissaient comme par magie alors que nous nous en approchions. Une petite neige me picotait le visage et pour le reste, l’obscurité, le froid et le vide laissait place à mon imagination. Seulement une traversée sur un pont de glace suivit d’un passage dans un boisé assez dense m’ont laissés perplexe… avec un genou endolori, gracieuseté de mon cheval qui frôlait les arbres!



Arrivés au campement de nos hôtes pour la nuit, une bonne soupe chaude nous attendait. Mais aussi délicieuse quelle pu être, elle était surtout réconfortante pour trois cavaliers en herbe qui venaient de se geler le derrière!



J’ai maintenant perdu la notion du temps! Ça m’arrive lorsque j’écris pendant un certain temps. Évidemment comme Hélène et Mike sont tombés dans les bras de Morphée peu de temps après le souper, j’ai hérité du rôle de veilleur de poêle à bois. Rôle que je prends au sérieux, avec un -25°C à l’extérieur.



Ceci fait donc le tour de la journée. Ne me reste qu’à ajouter 2 ou 3 petites bûches avant d’essayer de dormir quelques heures… avant la prochaine brassée!



Jour #2



En me réveillant ce matin, j’ai finalement pu admirer la nature qui nous entoure et je suis tout à fait enchanté par ce que je vois. Autour de nous, de belles grandes collines désertes et boisées ainsi qu’une belle vallée où nous avons passés la nuit. Je suis toutefois un peu moins époustouflé que je ne l’avais anticipé, mais le beau manteau blanc sur la campagne mongole rend quand même l’ensemble magnifique.



Après déjeuner, nous partons et vivons notre première déception. Ainsi, comme la distance à parcourir pour rejoindre nos prochains hôtes, on doit oublier les chevaux et prendre la voiture, ce qui n’est pas tout à fait comme nous l’avions imaginer!



Arrivé dans notre nouvelle famille d’accueil, celle-ci nous surprend agréablement par l’intérêt qu’elle nous porte. Évidemment, la barrière de la langue limite nos échanges, mais un petit guide de phrases en mongole nous permet tout de même d’apprendre à se connaitre. Il y a le papa, de 3 ans mon ainé, sa femme dans la fin vingtaine et leurs deux enfants. Une petite fille de 9 ans et un petit garçon de 4 ans. Pas gênés du tout, les enfants nous adoptent sur le champ. Au court de notre discussion fastidieuse, nous apprenons qu’aujourd’hui est jour de boucherie. Et oui, le beau petit bœuf que nous avons croisé en arrivant ne verra pas le soleil se coucher!



Pendant que les femmes font de la couture, Mike et moi accompagnons notre hôte pour la corvée d’eau et au retour, c’est l’heure du bœuf. Pour être franc, je n’ai pas fait grand-chose dans tout ça, mais à un certain moment j’ai bien cru
Jour de boucherieJour de boucherieJour de boucherie

Pour ceux qui se le demande, sur cette photo, je suis à brasser le sang pour le faire refroidir... appétissant non!
que l’honneur me revenait de l’égorger. Je ne pas défilé, mais j’ai été plutôt soulagé de ne pas avoir à le faire. Ok, j’aime bien chasser, mais il y a une grosse différence entre mettre fin aux jours d’une perdrix avec un fusil et égorger un bœuf ligoter!!!



À part être spectateur de l’action et de voir le regard terrorisé du bœuf au moment où le couteau plongeait à la base de son crâne, mon seul rôle consistait à maintenir un bol sous sa blessure pour récupérer le sang. Ceux qui connaissent mon ‘’amour’’ du sang comprennent certainement comment les jets rougeâtres m’ont écœurés!!! Heureusement, après avoir récupéré 4 litres, ma job était terminée. Ne restait plus qu’à enlever la peau et passer le relais aux femmes pour qu’elles le vide. Et je dois dire que c’était particulièrement drôle de voir Hélène se promener avec des morceaux d’intestins pour aller les vider de leurs contenus dans le buisson d’à côté. (Ces boyaux sont utilisés pour faire de la saucisse)



Lorsque tout fût terminé, nous avons eu droit à un festin de carnivore avec viande à volonté et je dois me confesser d’avoir été assez gourmand! Nous sommes toutefois restés surpris d’apprendre qu’il ne s’agissait que du diner car il était 17h30!



Un souper et une heure ou deux de jeux avec les enfants nous attendent dans quelques minutes, après quoi, ce sera le repos du boucher, pour être en forme pour la journée de demain.



Jour #3



Aujourd’hui, c’est par un géant que nous avons été accueillis! Pour être franc, à voir la carrure de cette pièce d’homme, ce n’est pas difficile à comprendre pourquoi les chinois on construit la grande muraille pour repousser les envahisseurs du nord. (Vous comprendrez ce que je veux dire en voyant la photo de partie de bras de fer m’opposant à lui…) il semble être bien sympathique, mais on ne peut en dire autant de sa belle fille qui est certainement la personne la plus ‘’mal-alaisante’’ que j’ai rencontré de toute ma vie. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle nous observe sans essayer d’interagir avec nous ou même essayer de nous comprendre lorsque l’on tente de lui parler dans sa langue, ou si c’est parce qu’elle ne sourit jamais, mais dans tous les cas sa présence est désagréable!



Malheureusement, sans dire que nous avons perdu notre journée, nous n’avons pas fait grand-chose. Ce qui est un peu dommage. La seule chose plaisante que nous avons fait de la journée, c’est jouer au berger et je dois dire que j’ai beaucoup aimé faire courir c’est petites bêtes devant moi alors qu’il fallait les ramener au bercail.



C’est pendant la nuit du troisième jour que j’ai passé un des moments les plus désagréables de tout mon voyage. Tout à commencer à 2h am lorsque je me suis réveillé et que pendant une demi-heure, mon estomac n’a fait que brasser. Je savais ce qui était sur le point d’arriver, mais je ne voulais pas y croire. Si bien qu’à un moment donné, j’ai à peine eu le temps de m’habiller pour aller vomir à l’extérieur, par un beau -30°C. J’étais tellement proche de faire un dégât dans la yourte que j’ai dû garder les lèvres serrées. C’était moins une! Après deux autres épisodes semblables, je me suis résigné à rester habillé pour éviter l’état d’urgence! C’est à 3h que le pire est arrivé. Ce n’était plus par en haut qu’il fallait que ça sorte,
Festin carnivore!Festin carnivore!Festin carnivore!

Mike, Moi et notre hôte devant une grosse assiette de boeuf...
mais par en bas. En temps normal, c’est loin d’être plaisant, mais cette fois-ci ce n’est pas dans une toilette que je devais, mais dans un trou au milieu d’un champ venteux. Pas besoin de vous expliquer à quel point je me sentais loin de ma mère pendant que je me gelais les fesses tout en me vidant!!! Je n’ai pas pleuré, mais maudit que j’espère ne jamais revivre un moment pareil. Heureusement, je n’ai pas eu la visite de loups… ce qui aurait pu arriver! Je me suis consolé en pouvant retrouver le sommeil à mon retour dans la yourte.



Jour #4



Malgré une nuit de ‘’merde’’, je me sens quand même en forme. Nous nous déplaçons donc vers la demeure de nos derniers hôtes, qui sont assez sympathiques. Malheureusement, je dois décliner le thé au lait qui nous est offert. Au début de notre séjour chez les nomades, je l’acceptais volontiers, mais depuis l’épisode de hier soir, juste de penser au mélange de lait chaud, de sel et de gras de bœuf fondu me lève le cœur.



Contrairement à hier, nous avons un après-midi bien remplis. C’est la corvée de bois! J’y participe volontiers, mais avec mon peu d’énergie et des bûches de 40 livres à transporter, c’est la ‘’langue à terre’’ que je termine ma journée. Heureusement, c’est au tour de notre ami Mike d’entretenir le feu cette nuit. Mais avec son manque d’expérience flagrant, il a réussi à nous ‘’emboucaner’’ bien comme il faut!



Le lendemain matin, au moment de notre départ, mon ‘’inconfort ‘’ gastrique me reprend, mais cette fois-ci il y a une poubelle dans la yourte et le ‘’trop-plein’’ ne doit sortir que par le haut. Donc pas besoin d’aller me geler dehors.



Nous partons donc à 7h pour le village le plus proche, d’où nous prenons l’autobus et c’est par un -25°C que l’on se fait laissé sur le bord de la route…heureusement que nous étions bien habillés!!!



En somme je dirais que j’ai apprécié mon expérience chez les nomades. Évidemment, comme dans la vie de tous les jours, certaines personnes sont plus sympathiques que d’autres et passer de longs moments à ne pas faire grand-chose peut-être moins agréable, sans oublier qu’être malade est rarement agréable. Mais découvrir le mode de vie des nomades,
Intérieur de yourteIntérieur de yourteIntérieur de yourte

quand même bien amménagée...
surtout en période hivernale est une expérience que je n’oublierai pas de sitôt. Je me dois aussi de mentionner que les magnifiques ciels étoilés que j’ai eu la chance d’observer dans la campagne mongole font certainement partis des plus beaux et impressionnant dont j’ai été témoins. (Mais pas besoin de vous expliquer que je ne pensais pas vraiment à cela alors que j’étais ‘’accroupis’’ au milieu de mon champ à 3h AM!!!)



Nous sommes donc retournés vers la capitale par un autobus qui a pris un bon trois heures, autant de temps que j’ai passé concentré à conserver le contrôle de mon sphincter arrière et par le fait même, ma dignité! Quel soulagement ça a été de retrouver notre auberge de jeunesse!



Après une dernière nuit à Ulaan Baatar, nous sommes maintenant de retour dans le train, pour poursuivre notre périple du Transsibérien. Au moment d’écrire ces dernières lignes, la Mongolie est derrière nous et les officiels russes ont nos papiers en mains. Nous sommes donc sur le point d’accéder à une nouvelle étape de notre grande aventure. Avec encore prêt de 48 heures sur les rails, nous devrions finir par aboutir à Novosibirisk pour notre premier stop en territoire russe. En espérant que la température sera un peu clémente avec nous…



Sur ce, je vous dis au revoir et vous invite à commencer le décompte de Noël qui arrive à grand pas, et évidemment à aller faire un tour sur le blog pour de nouvelles photos.



Phil.



P.S. J’espère ne pas trop vous perdre avec mes textes écrits en plusieurs moments, qui peuvent sans doute être un peu décousus (j’en conviens) à certains moments…


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Partie de bras de ferPartie de bras de fer
Partie de bras de fer

Voyez comme je suis sur le bord de lui montrer qui est le plus fort!!!
Bécose à ciel ouvertBécose à ciel ouvert
Bécose à ciel ouvert

Hé oui, c'est ici que c'est déroulé mon ''désagrément'' nocturne...


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