Yogyakarta, Java (Comment Passer avant Bouddha)


Advertisement
Indonesia's flag
Asia » Indonesia » Java » Yogyakarta
March 22nd 2014
Published: March 22nd 2014
Edit Blog Post

14 mars

J'ouvre les yeux dans cette humide chambre du Bladok Losmen & Restaurant au coeur de l'Area Sosrowijayan à Yogyakarta. C'est qu'hier soir, je suis descendu du mini-bus plutôt déboussolé de ces dix heures de somnolence réfrigérée.

Je prend ma douche froide (froide par obligation) dans la salle de bain indonésienne (mandi) de ma chambre alors que je réalise que je devrai pondre davantage que trôner ici.

Je descend au restaurant, reprend tranquillement vie, et me lance au hasard dans les rues et ruelles (gang) du quartier.



Les cyclo-pousses sont harcelants et les vendeurs qui feignent l'amitié instantanée pullulent aux alentours.

Des gamins en vélo font l'aller-retour dans les ruelles en faisant vibrer des coins de carton coincés dans les rayons de la roue arrière de leur bécane.

Puis, une fillette barbouille de craies l'asphalte devant un resto vidé de ses touristes.

Et puis derrière l'arrosoir et les pots de plantes juste là, un rat frôle les bas de murs noirâtres de la scène.

C'est le décor habituel des ruelles des grandes villes asiatiques.



Je rôde ici et là pour la majeure partie de la journée, observant la vie mouvementée des grandes artères et des allées commerçantes.

Je mange d'enflammants riz épicés, et puis je teste le PFK aussi, où ils sont à court de frites (!)… car il y a panne d'électricité.



Le soleil d'après-midi est lourd.

Je cherche désespérément les boutiques climatisées ou, plus souvent qu'autrement, j'y fouine sans rien acheter. Ça ressemble à de grands Dollorama ces grandes surfaces.

Odeurs de boules à mites et souvenirs bas de gamme chinois.

Bref.



C'est la visite de Borobudur qui m'a amené d'abord jusqu'ici. On compare le site à ceux d'Angkor Wat (Cambodge) et de Bagan (Myanmar). Mes attentes sont élevées. On ne compare pas n'importe quoi à ces deux vastes et extraordinaires complexes que sont Angkor Wat et Bagan vous savez.

Borobudur.

Et bien, je vais le découvrir bien assez vite...



15 mars



3h45AM.

Je patiente devant l'hôtel Bladok, le ventre vide, alors qu'une mini-van déjà pleine de voyageurs m'embarque rapidement au passage. C'est que je dois assister au lever de soleil sur une colline surplombant le temple bouddhiste de Borobudur ce matin. On dirait bien que chaque excursion propose son lever de soleil ici.

...

Et bien, malheureusement, le temple demeurera cette fois-ci invisible dans la vallée.

Ce sont les nuages qui voileront (et voleront aussi) le show.

Je n'ai pas eu la même chance qu'à l'éclatant Bromo, ça c'est certain.



Après le brumeux spectacle, je ferme ma frontale et redescend la colline, jusqu'au stationnement au bas des marches en bamboo. Avant de prendre place dans la mini-van, je prend le temps de m'acheter une banane à une vieille dame juste là, derrière son comptoir chambranlant dans la faible lumière de la matinée.

"How much one banana?"

"Banana. Banana."

"Yes banana. How much banana?"

"Banana"

Je sort un billet de 5000 Rupiah (50 sous) et le tend à la dame plissée dans la pénombre.

Et c'est ainsi que je prit place dans le vehicule à touristes...

...avec sept bananes bien mûres.



...

On arrive à Borobudur et je paye l'étonnant 20$ pour l'entrée au site.

Exclusivité pour les grosses devises.

Pour les indonésiens, le billet n'est que trois dollars.

Mais nous, foreigners, on doit payer le gros prix… mais on nous offre un café gratuit.

Voilà.

Ça fait un peu cher la tasse de café je trouve.



L'immense périmètre dédié au Temple est verdoyant comme un grand parc urbain. Et c'est un chemin asphalte qui nous mène à la sobre pyramide bouddhiste en plein coeur du site. Des stuppas et des statues contemplatives de Bouddha montent la garde sur les palliers.

Le temple est imposant mais demeure modeste, à l'image du bouddhisme.



Je tente d'approfondir mon exploration de la pyramide... alors que des dixaines de bus détachent des centaines d'écoliers venant envahir le site comme un raz-de-marée scolaire.

Certaines écoles viennent de coins très reculés de l'Indonésie. Pour la plupart des étudiants donc, c'est leur toute première fois qu'ils aperçoivent un blanc de près.

Je me fais carrement submerger par les demandes d'être pris en photo.

Paparazzis.

Les jeunes s'énervent hystériquement à mon acquiescement. S'en est gênant.

Je suis devenu une Superstar.

Pour un instant, je suis davantage photographié que les statues de Borobudur.

Pour un instant, je suis juste un cran au dessus de Bouddha.

C'est incompréhensible qu'on ne me vénère pas autant au Québec moi je dis.



Certains écoliers ont eu le devoir de converser avec un foreign aujourd'hui, pour pratiquer les quelques phrases qu'ils ont apprises par coeur en anglais. Je me trouve donc à répondre à des questionnaires avec les jeunes qui écrivent chacune de mes réponses avec la vitesse des journalistes.

"What's your name? Where you come from? What's your favorite transportation in Indonesia? (!) "

Et me voilà qui sème la confusion alors qu'à mon tour, je leur pose des questions.



"Thank you Mister" qu'ils finiront par me dire à la fin de l'entrevue, alors qu'on me prend en photo comme preuve du devoir bien accompli.

Soudainement, j'aperçois un autre groupe qui arrive de loin pour me sonder...et puis un autre... et puis l'école au complet.

Donc, au final, l'exploration de Borubudur fût pour moi qu'une suite d'entrevues et de "signes de peace" devant des cellulaires photographiques.



On quitte le site bouddhiste alors que la pyramide est ensevelit par les regroupements colorés de chacune des écoles du Pays.

Fourmilière.

...

Prochain et dernier arrêt: le site hindou de Prambanan. Heureusement, les écoles n'ont pas planifié d'escale ici. Ça me laissera davantage de temps pour apprécier le site hindou donc.

Sans grande surprise, les monuments fuselés me rameneront à Tanjore dans le sud de l'Inde.

La Foi faisait faire de grandes choses vous savez.

C'est maintenant d'abord l'argent qui motive les gens.



16 mars

Je passe une dernière journée à Yogyakarta aujourd'hui.

J'y explore le palais du sultan (Kraton) sous le soleil écrasant de midi... et sous les projecteurs des filées d'étudiants aussi qui, comme la veille, prennent davantage plaisir à me photographier qu'à découvrir dans quelle tour d'ivoire le sultan s'était retiré.

Je suis encore une fois une Superstar.

Une Superstar oui, mais pas plus que la plantureuse allemande blondinasse là-bas par contre.

Oh que non!

Elle fera sans doute la "front page" du journal étudiant celle-là.



Demain matin: départ pour Pangandaran.

Ce sera le plus à l'ouest que j'irai sur l'île de Java.



Notes à Moi-Même:

1- Je rêve au jour où l'on exposera mes ustensiles, comme ceux du sultan, pour que les visiteurs ébahit puissent se dire: "Regardez! C'est avec ces ustensiles là qu'il mangeait!"

2- C'est confirmé: le riz peut donner le flu.



Etienne X


Additional photos below
Photos: 9, Displayed: 9


Advertisement



Tot: 0.43s; Tpl: 0.011s; cc: 48; qc: 227; dbt: 0.2917s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.7mb