Pangandaran, Java (À Contre-Courants)


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March 22nd 2014
Published: March 23rd 2014
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17 mars



8h45AM.

J'attend depuis déjà 3/4 d'heure l'arrivée de mon mini-bus climatisé. Je suis au restaurant de l'hôtel Bladok à Yogyakarta, impatient de partir pour ce long sept heures de route pour Pangandaran.

"Bladok always last pick up" que me dit la serveuse au visage bouffi qui tente de m'encourager.

Au même moment, une longue barbichette entre en se tournant vers moi.

"Pangandaran" qu'il me lance.

Et bien voilà!

Il ne fallait que le call de la serveuse pour que mon transport se pointe.

Je prend donc place dans le mini-bus alors qu'il ne s'y trouve qu'une indonésienne grassouillette qui a manqué le train.

Mais c'est que ça explique en rien le retard de mon lift ça.

Bah. On se lance enfin sur la route: c'est tout ce qui compte à présent.



Peu de temps s'écoule avant que l'air climatisée nous lâche dans la navette.

Il ne me reste alors qu'un faible filet d'air frais à peine ressentit.

Ma peau se met à reluire et mes yeux tombent de lourdeur dans la serre roulante.

Je vacille entre le sommeil et l'éveil... alors qu'on s'arrête pour luncher sous les néons d'une cafétéria de voyageurs.

Buffet chaud.

Le présentoir est chargé d'aliments tièdes déposés ici et là, dans des bols en plastique, depuis belle-lurette.

Poissons séchés, boulettes de viande flottantes dans une huile orangée et pattes de poules panées.

Ça sent l'intoxication alimentaire à des milles à la ronde.

Je n'ose nullement me lancer dans les risques d'indigestion et décide de me contenter de riz steamé et de légumes bouillis seulement.

Autour de moi, les indonésiens mangent presqu'uniquement le riz et les légumes aussi. Je ne suis définitivement pas le seul à ne pas faire confiance aux viandes baignant dans l'hépatite.



La demie heure de pause terminée, on repart... alors que l'air climatisée ne s'est définitivement pas améliorée dans la mini-van. Je deviendrai bien vite steamé moi aussi comme le riz de ce midi.

Et puis il y a la route aussi qui se détériore d'heures en heures.

On passe de campagnes en campagnes où les paysans ridés, cueillant le riz sous la canicule, sont cachés du soleil que par leur chapeau conique en abat-jour.

Les camions lourds ont ravagés le chemin ici.

C'est troué comme un gruyère.

...

On me dépose finalement à Pangandaran vers l'heure du souper.

Je me sent épuisé mais ça se tolère encore.



La plage est tout près de mon guesthouse. De l'autre côté de la rue en fait. J'entend les rageuses vagues qui graffignent la calme atmosphère du village de vacanciers.

C'est que la mer est puissante ici. Comme un tsunami.

Pas surprenant qu'en 2006, Pangandaran fût totalement balayée par la colère de l'Océan Indien. Les villageois se souviennent... mais la vie a tranquilement reprit son cours.

Il y a les routes par contre qui aurait un peu besoin de pommade pour aider à leur guérison à mon avis.



18 mars

Quelle surprise ce fût de revoir Daan le Dutch ce matin au déjeuner à Pangandaran.

C'est que nos routes s'étaient séparées depuis Bondowoso, et le voilà maintenant qui fait son apparition alors que je m'enfile une mollasse "banana pancake" à la Mini Tiga Hostel.

Et pis il y a Jacob aussi qui est là, un hollandais rencontré à Yogyakarta qui boit son café fort et fume ses Marlboro légères en série.

Et une timide allemande aussi, Anna, qui est arrivé à Jakarta et qui est en Indonésie depuis quelques jours seulement.



On discute donc de nos aventures javanaises alors qu'on se planifie tous les quatre, une excursion de groupe au Green Canyon dans les environs de Pangandaran.

Départ: maintenant.

...

Les routes sont incroyablement merdiques dans la campagne ici.

Les motos contournent les craquelures et les cavités alors que notre camion se dirigeant vers le Green Canyon affronte seul le chemin défoncé.

Il n'y a qu'une voie qui s'allonge devant les maisons croches et les rizières.

Lorsqu'on fait soudainement face à un camion de transport, notre chauffeur doit se ranger dans les entrées poussiéreuses en klaxonnant après les poulets... ou il doit tout simplement reculer pour laisser passer les lourds véhicules qui arrachent et poinçonnent la route.

"Bad road" que nous dit le jeune agrippé au volant.

Je m'en étais moi aussi aperçu.



On change bientôt de transport alors qu'on prend place, tous les quatre alignés les uns derrière les autres, sous une bache décolorée d'un bateau motorisé bleu pastel.

On quitte alors le quai et prenons un corridor d'eau trouble verdâtre qui s'étire dans les terres tropicales.

À contre-courants.

Un lézard se fait cuire les écailles sur un talus d'un côté alors qu'un singe se grattant derrière l'oreille nous observe passer bruyamment sous son palmier.

Plus on s'avance sur l'eau, plus on s'enfonce dans l'épaisse forêt.

Le corridor semble soudainement percer une colline. On se retrouve rapidement couvert d'une voûte végétale d'où s'alterne une fraîche pluie et d'étonnantes éclaircies à travers l'humide verdure.

Le bateau s'arrête là, dans une grotte, où des rapides frayant leurs chemins dans le roc nous empêche d'avancer davantage.

Nous voilà donc, en sous-vêtements, seuls, plongeant dans les lagunes pistache en remontant, palier par palier, le courant du corridor.

Jamais je n'ai pataugé dans un lieu aussi extraordinaire qu'ici.



Le mouvement de l'eau est puissant et de se retenir aux murs poisseux est parfois hardu.

Mais l'effort est incroyablement gratifiant.

...

Et puis on finit par retourner à l'embarcation alors qu'on se laisse tirer par le courant comme des otaries.



Oh! Mais quelle excursion incroyable que je me dis sur le chemin du retour... alors qu'on croise tout plein de bateaux de touristes indonésiens qui débarquent de Jakarta pour photographier le Green Canyon.

Le timing pour se sentir aventurier était donc tout simplement parfait.



"Look look" que nous dit notre chauffeur alors qu'un serpent se faufile presqu'invisible dans l'eau trouble à bâbord.

"Sometimes python" qu'il ajoute.

Une sacré chance qu'il ne nous a pas parlé de ça avant notre trempette dans les lagunes.



19 mars

C'est le rythme de la machine à laver qui me réveille ce matin.

C'est que la veuve Supri de la réception se lance dans le nettoyage de l'hostel de bonne heure... et que le chassis du haut de ma chambre à 10$ tombe directement sur l'arrière-cours.

Il n'y a heureusement pas de coqs réveille-matin aux alentours.

Mais "Schlock! Schlock!" fait la bassine.

Comme une berceuse.

Je me lève et tente tant bien que mal de me mouiller le corps sous le faible filet d'eau de la douche malpropre de ma chambre. Mais c'est juste impossible. Je n'y arriverai pas. J'ai bien l'impression que je devrai me finir au seau d'eau sur la gueule.



Je rejoins le groupe d'hier dans la salle commune de l'hostel et me prépare mentalement, tout comme eux, à aller prendre mon premier cours de surf dans l'océan mouvementé de Pangandaran.

Jacob a abusé des grosses bières Bintang hier soir.

C'est qu'on a tous fêté sous les huttes, dansant sur un Billy Jean déconstruit par le band indonésien sur la plage.

Jacob a été le dernier à quitter le bar... lui et un anglais qui ne surf pas.

Voilà.

Jacob (surnommé "double espresso without sugar") la trouve moins drôle maintenant qu'il faut aller se poster sur la plage, sous le soleil qui nous écrase comme des clous sous un coup de masse.



Les vagues ici sont imposantes et épuisent rapidement. Je dois faire trois pas vers le large alors que le courant océanique m'en fait reculer d'un.

Mais je finis tout de même par appliquer la leçon: je suis sur une planche, et je surfe.

Je surfe... quoique je me sent beaucoup plus acrobate que surfeur en ce moment.

Mais je suis un naturel vous savez.

J'ai ça dans le sang moi je dis... alors que j'ai l'air d'un bretzel sur une planche à pain, au coin d'un remous au lieu d'une réelle vague.



"Regardez-moi! Regardez-moi! Je suis debout!"

(Peut-être que j'en ne ferai pas une carrière finalement)



Je quitte bientôt la plage affreusement polluée en regardant les gamins de sept ans derrière moi qui domptent l'océan en zigzaguant dans l'oeil des rageuses vagues comme des pros.

Bah.

Ils ne comprennent rien à mon art.



Je retourne à l'hostel alors que le plan était de visiter le National Park tout près avec Anna la timide allemande. Mais le soleil est particulièrement dangereux aujourd'hui. La leçon de surf de la matinée m'a déjà sérieusement rougit le visage.

Il sera donc plus sage d'ombrer mon après-midi.



Demain matin: très longue route vers l'est.

Je planifie mon retour vers Bali.



Note à Moi-Même:

Comment survivre aux canicules?

Acheter une grosse bière Bintang à 5$ dans un hôtel chic tout plein d'étoiles... et abuser gratuitement de la piscine vidée de ses touristes par la basse-saison.



Etienne X


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