Bondowoso and Kawah Ijen, Java (Les Lueurs Bleues de la Nuit Blanche)


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March 14th 2014
Published: March 14th 2014
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9 mars

(Lovina, Bali)



Je réussit heureusement à me lever à 6h00AM ce matin. J'aurais certainement dormi plus longtemps mais le départ en mini-van pour le traversier vers Java se fera à 7h00AM tapant.

Daan le Dutch se joint à l'aventure, et c'est Putu, notre chauffeur de l'excursion d'hier, qui prendra le volant.

"Sorry. I have to drive fast this time. Sorry" que Putu nous dira.

"Today not like yesterday".

Quand Putu joue au taxi, il n'a pas la même latitude que dans un Tour.

"Ok. Drive fast but safe" que je l'obligerai à me confirmer.

Et c'est ainsi, après un déjeuner crève-la-faim aux nouilles Ramen sur le coin d'une courte table Rubbermade, que nous décollons comme un boulet sur la longue route côtière du Nord de Bali.

Putu à effectivement le pied pesant.

Slalom entre les scooters et dépassements dans les courbes.

On passera la majorité du trajet à klaxonner, funambulant sur la ligne jaune de la voie rapide vers Gilimanuk.

"Sorry sorry for fast" que nous dit le bon Putu... avant de nous débarquer au traversier qui nous portera sur la grande île de Java.

C'est que c'est la norme ici de prendre des risques sur la route.



Daan le Dutch et moi-même embarquons donc sur le ferry rouillé et graisseux de Gilimanuk alors que les indonésiens nous observent en fumant leur vie.

Aucun touriste aux alentours à part nous deux.

Sans plus attendre, le traversier se met en marche.

Devant nous, un présentateur prend le micro et se met à décrire des jouets et des brocantes qu'il essai de vendre comme à Shopping TVA.

Un père de famille juste là a eu un coup de coeur pour une jolie tuque-cache-oreilles noire. C'est que le prix est bon en plus: 10 000 Rupiah (+ ou - 1$) pour une tuque, c'est une aubaine.

Il se lève donc et va tranquilement acheter le couvre-chef. Ce sera pratique: c'est qu'il fait 31 degré Celsius sous le ciel indonésien aujourd'hui.

...

Nous posons pied sur l'île de Java vers 10h00AM. Je suis presque disparu sous mes packsacks de voyageur. Comme une tortue.

On se fixe le derrière dans un bouiboui malpropre au sortir du Terminal pour se prendre un léger lunch.

On nous regarde.

Ça discute.

Les chauffeurs de taxi semblent manigancer un plan pour nous soutirer un maximum d'argent.

Le premier arrive alors qu'on mâchouille un bol de nouilles couvert d'un oeuf frit.



"Hello. Where come from? Where you go? What hotel? Ok. Taxi 500 000 Rupiah (50$!!!)

Puis le deuxième se lance: " Hello. Where you go? What hôtel?... Bemo (mini-van cheap à partager) 700 000 Rupiah (70$!!! et re !)...

Et puis voilà le troisième maintenant...



Nous sommes un pot de miel dans un essaim d'abeilles.



J'essai de garder le moral alors que tout pu l'arnaque.

"No no. Bus. We'll take bus" qu'on leur dit en payant rapidement nos repas d'une poignée de change.

"Bemo Bemo. Taxi. Come taxi"

... et les voilà qui nous suivent alors qu'on s'éloigne du Terminal d'un pas décidé.

"Bus. Take bus" qu'on leur redit.

On presse le pas... pour finalement réussir à peut-être les semer... alors qu'on les retrouve tous à un coin de rue plus loin (?).



Ces types sont comme des rapaces qui suivent d'alléchantes proies blessées. Ils ont faim, et l'arnaque est facile avec les touristes naïfs.

"Bus. We'll take bus".



Quelques pas encore... et, profitant d'un moment d'inattention de la meute de chauffeurs de taxi, Daan le Dutch et moi-même sautons rapidos dans un camion malade qui vient tout juste de nous offrir de nous mener au Terminal de bus tout près... pour 10 000 Rupiah (1$) chacun.

Voilà.

Alors qu'on s'éloigne, j'entend au loin les rapaces qui s'énervent en engueulant le vieil homme au volant de notre boîte de ferraille. C'est qu'il y a encore du monde honnête faut croire.



On roule très peu de temps avant de se faire déposer à l'entrée d'un bus local bleu-pale qui était sur le point de quitter.

"Bondowoso? Bondowoso?"

"Yes yes" que nous dit le vieillard dans la ferraille...

"Yes yes. Bondo" que nous confirme le vendeur de tickets dans le bus.

Paf!

Alors voilà comment on s'est retrouvé tous les deux dans un "local bus" bleu-pâle et croche, en direction de peut-être Bondowoso.



Les gens nous observent dans le bus alors qu'on paie notre 17 000 Rupiah (1.70$) chacun pour nos sièges craquelés.

Je leur souri.

Ils me sourient.

Ça ne sera définitivement pas comme à Bali cette aventure sur l'île de Java.

...

On passe de villes en villages durant quelques heures avant de s'arrêter à une station de bus plutôt achalandée.

"Bondowoso?" que je demande au vendeur de tickets en sueur.

"Bondo! Bondo!" qu'il nous dit en nous faisant débarquer du bus bleu-pâle...

...et en nous faisant ré-embarquer dans un bus grisâtre.



"Bondo! Bondo!"...

Personne ne parle anglais ici. Il faut juste apprendre à faire confiance.

"Bondo! Bondo!"



Alors voilà comment on s'est retrouvé tous les deux, dans un "local bus" grisâtre et croche, en direction de peut-être Bondowoso.

...

Quelques heures passent encore, et nous revoilà parachuté à une autre station de bus.

"Bondowoso" que nous confirme cette fois le vendeur de tickets. C'est que notre transfert, quelques heures auparavant, s'est fait à Situbondo, alias Bondo pour les locaux.

...

On quitte tous les deux le Terminal d'autocar de Bondowoso à pieds, cachés sous nos sac-à-dos, en tentant de retrouver le Palm Hotel.

Les locaux nous regardent tous intrigués.

Vraiment intrigués.

On nous pointe les directions du Palm Hotel en souriant.

"What's your name? qu'on nous demande.

(Phrase apprise par coeur à l'école)

On leur répond en leur serrant la main.

C'est totalement surréel.

Ici, pratiquement personne n'a déjà rencontré de Westerner.

Les enfants figent à notre arrivée.

Partout, les gens nous suivent du regard.

Les écoliers ricanent et les femmes voilées rougissent en nous saluant.



On déambule dans les rues alors que les locaux avertissent la parenté et les amis de notre présence.

L'arrivée à Bondowoso est difficilement comparable à mon arrivée en Indonésie alors que je posais les pieds à Denpasar, Bali.



Bondowoso

Je me sent privilégier de vivre un tel depaysement. Daan le Dutch aussi réalise qu'on vit quelque chose d'extraordinaire aujourd'hui. Nous sommes totalement hors de la route habituellement empruntée par les voyageurs.



On arrive finalement à la Palm Hotel à pieds, refusant l'aide des cyclo-pousses qui nous ont beaucoup plus regardé passer qu'offert leur service jusqu'à maintenant. Eux aussi sont surpris de nous voir débarquer à Bondowoso.

Le complexe hôtelier où l'on s'installe est luxueux et prisé par les indonésiens. Il s'y trouve une longue piscine où les familles et les jeunes du coin viennent se rafraîchir.

Les femmes musulmanes, toutes habillées dans la pataugeuse et les enfants se chamaillants, tous se retournent à notre arrivée.

C'est hallucinant.

On nous observe alors qu'on mange notre Mie Goreng Ayam (nouilles frites au poulet) et qu'on boit notre bière Bintang sur la terrasse.

Les enfants pouffent parfois de rire pour je ne sais quelle raison.

Je leur souri.

Sommes-nous un peu comme ce qu'ils ont maintes fois vu dans les films hollywoodiens?

Suis-je une vedette sans vraiment le savoir?



Note à Moi-Même:

Prix d'une chambre à deux lits simples à Bondowoso: 135 000 Rupiah (13.50$). Accès à la très grande piscine et déjeuner buffet inclus.



10 mars

La raison principale de notre venu à Bondowoso est d'assister au Blue Fire de la mine de souffre du cratère d'Ijen. C'est que les brûlants gaz s'échappant de la mine émanent bleu dans la noirceur nocturne du volcan.



On se réserve donc une nuit blanche pour cette étrange excursion... qui me rend plutôt nerveux dois-je dire. J'ai n'ai aucune idée à quoi m'attendre, et de me retrouver en pleine nuit au fond d'un volcan qui crache le souffre me rend fébrile.



23h00: un jeune maigrichon caché sous sa tuque des Bears de Chicago nous embarque dans sa mini-van taxi poussée par des tounes pop américaines. On part rapidement sur les routes désertes de la ville... pour ensuite s'enfoncer sur une voie mal asphaltée au creux de la sombre nuit des plantations de café.

On serpente dans la montagne alors qu'on passe quelques check point où des agents endormis viennent nous ouvrir des barrières... barrières qui sont plutôt inutiles à mon avis, dans un coin aussi reculé de la forêt javanaise. J'imagine qu'elles y sont en cas d'éruptions volcaniques.

Après un deux heures de route abyssales, on s'arrête enfin à un stationnement au pied d'un chemin de terre vaguement visible dans la nuit étoilée.

Daan le Dutch et moi-même acceptons la présence d'un guide local pour notre ascension du Ijen.

Il s'appelle Sam.

Il est petit et trapu comme un mineur.

Je ne suis donc pas vraiment surpris de l'entendre nous dire "Me Minor" alors qu'il nous sert la main au départ de notre montée. C'est qu'environ 200 mineurs par jour montent ce chemin jusqu'à la mine de souffre au creux du volcan... et puis redescendent ensuite, lourdement chargés de pierres sulfureuses jaune et odorantes qu'ils revendent à un prix ridiculement bas à l'unique acheteur installé au stationnement.

Mine de souffre.

Homonymie.

Il n'y a certainement pas que la mine qui souffre.



On arrive tout en haut de l'Ijen vers 2h30AM, éclairé que par nos pâles lumières frontales.

Sam nous remet des masques à gaz... et nous voilà qui descendons dans la dangereuse gorge glissante du volcan... jusqu'à la profondeur du cratère, là où le souffre s'échappe bleuté, là où le souffre s'expire en une intense fumée abrasive qui gruge le roc des parois volcaniques.

Odeurs de feux d'artifice.

C'est surnaturel ces paysages lunaires.

Et que dire de ces feux indigo qui s'évaporent dans la nuit toxique.

Je suis épaté par l'expérience.

Mais j'ai eu peur.

Les risques sont grands lors de la descente jusqu'à l'âtre de la mine.

Des gens y ont réellement laisser leur peau.



On redescend d'Ijen jusqu'au stationnement alors que le soleil est bien levé sur le volcan. Les mineurs sont maintenant intensément à l'oeuvre alors, cigarette au bec comme si ce n'était pas suffisant d'inspirer les vapeurs sulfureuses de la mine.

Je suis heureux de payer pour vivre ces paysages volcaniques... et non d'être payé pour y retourner jour après jour.

Vie de mineurs, vie de labeur.





On est de retour à l'hôtel alors qu'il n'est que 11h00AM.

Je me remettrai de cette nuit blanche aux brûlantes lueurs bleutées en faisant le mollusque dans la piscine du Palm Hotel... et pis en siestant longuement aussi, en essayant d'assombrir quelque peu la blancheur de ma nuit passée dans le cratère d'Ijen.



Courage à toi Sam le mineur.



11 mars

Je decide de passer une autre journée à Bondowoso aujourd'hui alors que Daan le Dutch, lui, quitte pour Yogyakarta.

J'en profite pour me perdre dans les rues de la ville, à la recherche de je-ne-sais qu'elle étrangeté.



D'un côté, j'entre dans une mosquée accompagné d'un agent de sécurité... et une quarantaine d'enfants ricaneurs qui m'observent de la tête aux pieds.



De l'autre, j'entre dans les boutiques où les commerçants s'excitent et me prennent en photo avec chacun d'eux.

Ça épatera les copains peut-être.



De plus, je m'assois dans un resto local, là où l'on m'observera sans me servir. J'intimide faut croire.



Et pis je vais dans un salon de beauté aussi, là où trois femmes âgées me pétrissent chacune un bout de corps en me traitant de Sleeping Beauty. Trois massothérapeutes... et pis une quatrième aussi qui arrive et me surprend en me frottant le cuir de-moins-en-moins chevelu avec une pommade blanche inconnue ressemblant à du gras de bacon.

Bref.

Je suis très loin du Québec.



"Itchen, Itchen. You alone? You not scared?" que me demandera la proprio du Beauty Salon.

"Bah. No. If you not scared, why me scared?"



Ce sera ma réponse.





Notes à Moi-Même:

1- Ne plus commander les "Fries with chocolate" dans les menus. Ce sont des frites avec un coulis de Nutela (?!)

2- Ne surtout plus demander le Susu Soda aussi. C'est du lait condensé Carnation... qu'on complète avec du Club Soda (?!) Lait + Liqueur = C'est non.



Etienne X

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