Varanasi (Benares) (Il y a la Vie, et puis il y a la Mort)


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Asia » India » Uttar Pradesh » Varanasi
April 17th 2007
Published: February 15th 2013
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Départ pénible du Népal: Pokhara vers Vârânasî .



17 avril:

On est sur le point de partir pour la "Sunauli border".

Il est 6h30 du matin et je prévois l’enfer pour notre prochain 24 heures dans les transports.



J’aperçois le toaster qui nous servira de bus pour les 7 prochaines heures.

L’enfer que je prévoyais commence donc à prendre forme.

On s’assied dans le bus. On a nos genoux collés à nos fronts.

Pffff!

C’est un 160 kilomètres à faire en 7 heures.

Vous pouvez-vous imaginer le périple?





Une gueule de polonais à l’allure de père noël bedonnant est assise près de nous dans le bus. Il est seul sur son banc à deux jusqu’au moment où entre une mère et ses deux fils en bas âge.

Le fils de plus ou moins 10 ans prend place à ses côtés. D’accord.

Mais le tit homme n’a pas le cœur très solide.

Soudainement, le gamin surprend le polonais en lui grimpant sur le bedon pour atteindre le hublot….

…et Boaaaaaa!, son estomac ouvre la champlure et se vide par la fenêtre du bus en marche.

Boaaaaaa! hurle son Masala.

Le pauvre père noël ne sait alors plus trop où mettre ses mains. Il les garde bien hautes dans les airs comme un banquier devant un hors-la-loi de Western.



L’orage gastrique finit par passer.

Le tit homme est finalement vide... mais de toute évidence, il se sent encore un peu brouillé. Il s’écrase donc, sans avertissement, sur le bedon du barbu polonais pour faire une petite sieste.

C’est magnifique comme moment.

Le vieil homme cherche maintenant où mettre ses blanches mains alors que le tit homme cherche du réconfort en enlaçant la lourde bedaine inconnue.

Ici, tout le monde est frère et sœur.





Arrivé à la "Sunauli border", on nous débarque du bus pour qu’on puisse traverser la frontière Népal / Inde à pied. On devra se trouver un transport du côté indien pour se rendre à Vârânasî.

C’est un retour dans le chaos.

Trop de pollution, trop de monde, petites shops trop vides... tout est toujours là. Rien n’a bougé de mes souvenirs. Ce sont les petits défauts du Népal qui viennent de gonfler comme un ballon à la limite de fendre. C’est flagrant.

Les arnaqueurs sont aussi de retour.



Alors que j’échange ma monnaie népalaise en roupies indiens, je m’aperçois d’une grossière anormalité dans les calculs du moustachu. Frais cachés. Je recompte et je confirme. Il y a effectivement erreur : on ne m’a pas remis assez d’argent.

Je tente de m’expliquer avec le comptable improvisé qui sue à grosses goûtes derrière son bureau de change, mais rien n’y fait. L’astinage ne porte pas fruits.

Je n’ai pas d’autre choix que de repartir avec 850 roupies en moins, donc allégé de plus ou moins 20 dollars canadien. Tant pis.





On se cherche un bus "delux" pour Vârânasî dans le désordre frontalier.

Sur un coin de rue, on trouve heureusement une agence qui rend ce genre de service. Bingo.

On paie nos frais de tickets: 575 roupies chacun. Bon. C’est un peu cher, mais quitter la "Sunauli border" avec confort et rapidité, c’est tout ce qui nous importe.



Un bus arrive au loin. On accroche nos packsack alors que le type de l’agence nous fait courir jusqu’à la machine.

On est sous pression. On perd un peu le contrôle.

Surprise! On nous demande de payer un frais caché de 250 roupies chacun pour nos bagages. Mais qu’est-ce que c’est que ça? Et la machine dans laquelle on prend place, n’est-ce pas un City-bus en plus? Mais où est notre confort pour lequel on a payé?

L’arnaque est grosse comme ça dans ma face.



Je prends alors feu et j’engueule le salopard de l’agence devant la foule d’indiens assis dans le bus. Grands yeux globuleux de morues. Je défile mon répertoire de sacres préférés en payant le frais exigé par l’arnaqueur.

Le bus décolle... je suis confus... et en tabarnak!

Mon indien de voisin me sourit.

‘’Do you like indian food?’’ qu’il me demande.

Minute tabarnak! Laissez-moi dépomper tabarnak!



C’est donc ainsi que notre billet de City-bus à 176 roupies est devenu un billet de City-bus à 825 roupies.

On quitte enfin la "Sunauli border"... sans le confort ni la rapidité espérés.





Le bus est "full pack".

On arrête continuellement pour faire monter encore plus de monde.

J’ai en tête l’image d’un pot de billes auquel on ajoute du sable pour combler les vides.

Il fait 40 degré (vraiment) et on a 10 heures de route à faire.



Welcome back in North India.



Les gens s’endorment dans le bus, comme intoxiqués par l’inconfort.

La tête des uns se repose sur l’épaule des autres, et je suis le voisin d’un pouilleux. Tout ça est intolérable les premières heures… et puis on finit par abdiquer.

Embrouillage. Je tombe dans un état comateux. Comme en transe. C’est ce que j’appelle ma "bulle".



Welcome back in North India.





Il est 1H30 Am lorsqu’on pose les pieds à Vârânasî.

Je suis un astronaute.

On prend place dans un auto-rickshaw qui nous mènera jusqu’à un Guest house inconnu.

Partout autour, des gens dorment sur les trottoirs et les vaches sacrées sont enfouies dans leur nid de déchets. C’est fou. Au premier coup d’œil, on aurait vraiment l’impression d’un lendemain de cataclysme, comme un désordre post-apocalyptique.

Mais je me réjouis. Je ne suis plus angoissé par le décor. Et je serai bientôt dans mon sleeping bag, couché sur une planche de plywood à draps-contour.



18 avril:

Je me réveille.

Je suis en sueur et je n’ai pas encore bougé un seul orteil.

De mars à mai, la température ici augmente dramatiquement.

On tape le 40 degré, et tous les indiens portent encore leur pantalon long, leur chemise et leur moustache.



On se promène sur les Ghats de Vârânasî. Le Gange est devant nous et les hindous se purifient dans son eau polluée.

Les bûchers servant aux crémations sont bien visibles. Il y a ici plus ou moins 250 corps qui s’y font brûler à tous les jours.

Justement, une crémation a lieu en ce moment devant nous: un corps se fait lécher par les flammes. Ses deux pieds fondent comme de la cire et la fumée noire de sa chair consumée part dans tous les sens. On se retrouve parfois dans sa boucane.



Ouf.



On prend place dans une barque sur le Gange au coucher du soleil.

Le rameur nous apprend que les Brahmanes (la caste la plus élevée de l’hindouisme) se font enterrer tandis que les autres se font brûler. Mais pas tous les autres. Les femmes enceintes, les enfants, les Holy men, les lépreux et les gens morts par la morsure d’un serpent (?!), eux, se font caler dans le Gange à l’aide d’une pierre (?!).

Mais c’est que je suis dans la chaloupe... sur le Gange (!)

Alors si j’ai bien compris, nous naviguons donc… sur un cimetière aquatique (!!).

Bordel! C’est macabre à souhait que je me dis… alors que j’observe des bulles d’air atteindre la surface de l’eau brouillée.



Il y a de la musique sur la grève alors qu’on est toujours sur la barque. Sur les ghâts, des centaines d’hindous font des offrandes à Shiva en secouant des cloches.



Vârânasî: l’endroit le plus sacré de l’Inde.

Vârânasî: réel pont entre les hindous et leurs dieux.



19 avril:

On embarque encore dans une chaloupe… mais à l’aurore cette fois. Il est 6H00 Am et le soleil se lève pâle sur le Gange. Les ghâts sont saturés d’hindous en caleçons. Certains se savonnent tandis que d’autres lavent leur linge dans l’eau stagnante.

Un indien se rince la bouche.

Un autre pêche le poisson-chat avec une bouteille d’eau vide en guise de flotteur.

Un chien tire la patte d’un buffle mort, immergé à moitié dans l’eau du Gange.



Il y a la Vie, et puis il y a la Mort.



Le fleuve est salit par la cendre des crémations et je suis encore hanté par les corps sous l’onde huileuse.

Sable sur la berge. Granules de millions de vie.



On fait ensuite un tour de ville en Rickshaw pour visiter l’Université de Vârânasî, les temples et les mausolées des alentours.

Il fait trop chaud, il y a trop de monde, il y a trop de bruit et c’est beaucoup trop pollué.

J’avais pratiquement oublié à quel point l’Inde du Nord est submergeante.

Ouf.



Épuisés, on s’écrase pour le reste de la journée.





On quitte Vârânasî dans quelques heures pour se rendre à Khajurâho. On prendra le train à 23h25... pour arriver à 6H00 du matin à la "Satna jonction". Puis ce sera un 5 heures de bus pour atteindre Khajurâho. Ceci est donc le plan pour ce soir et cette nuit.

Ouf.



Encore quelques jours seulement.....



Ouf.



EtienneX


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