Chine : sur les chemins du Shandong


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Asia » China » Shandong » Tai'an
August 4th 2009
Published: August 7th 2009
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Parti de Xi'an, j'atteins la province du Shandong, dernière étape chinoise avant la Corée, après 26 heures d'un voyage somme toute confortable. Un taxi, un train, un mini-van, deux bus et quelques errements à pieds sur les bords d'une autoroute et me voilà arrivé à Tai'an, une bourgade moderne, où j'ai décidé de poser mes bagages pour trois jours.

Sur les traces de Kong

A une petite heure de route de Tai'an, se trouve la cité fortifiée de Qufu, qui fut la résidence durant des siècles de la puissante famille Kong. L'ancêtre de cette famille est une célébrité en Chine, et partout ailleurs dans le monde, bien qu'il y soit connu sous un autre nom : Confucius. Philosophe et pédagogue prônant le respect d'autrui et l'obéissance hiérarchique, le sage vécut il y a environ 2'500 ans. La valeur de son enseignement ne fut reconnue qu'après sa mort, donnant à ses descendants des privilèges enviables qui leur permirent de se bâtir une fortune confortable.

Dès les murailles de la cité passées, j'ai retrouvé avec bonheur mes amis les touristes chinois, qui se succèdent par bataillons entiers à la suite de leurs guides brandissant drapeaux colorés et microphones hurlants. En faisant abstraction de tout ce bruyant petit monde, et du fait que je commence à avoir vu passer pas mal de temples, celui de Confucius – gigantesque, entouré d'arbres centenaires et flanqué de dix colonnades autour desquelles s'enroulent des dragons majestueux – mérite le coup d'oeil. La réalisation irréprochable de l'ouvrage aurait fait pâlir d'envie les Empereurs de la Cité Interdite. C'est tout dire. Pour le repos de l'âme et des oreilles, rien ne vaut cependant une visite au paisible cimetière familial, le plus grand du monde dans le genre, paraît-il. Près de 70 générations de Kong sont enterrées, aux côtés du vieux sage, dans ce vaste parc situé au nord de la ville. Les stèles aux formes variées et les tumulus couverts de mauvaises herbes paraissent pousser de façon désorganisée, sous la haute frondaison des arbres. Ça et là, des statues de pierres, géants bienveillants ou animaux féroces, ponctuent le site de leur présence mystérieuse. Plus qu'au temple, c'est en ce lieu de repos qu'il faut vous rendre, si vous souhaitez méditer sur les préceptes confucéens dans le calme et la solitude.

Un pèlerinage vieux de 3'000 ans

Le plus sacré des cinq pics taoïstes de Chine s'élève dans les nuages, au dessus de Tai'an. Les empereurs l'ont vénéré, les poètes ont forgé sa légende et les chinois de toutes conditions y affluent depuis des générations pour communier avec les Dieux. Le Tai Shan est un mythe par ici, comme le Mont Fuji au Japon ou les Dents du Midi dans le Chablais.

La montagne affichant un petit 1'545 m à l'altimètre, j'admets l'avoir prise un peu de haut. Je n'ai allégé mon paquetage que de quelques kilos, emportant sur mon dos un tas de trucs inutiles, au cas où me viendrait l'idée de passer la nuit sur le sommet, ce qui ne sera finalement pas le cas, vu les prix grotesques pratiqués par les rares hébergements s'y trouvant. On dira que c'était pour la beauté du geste et par souci de rendre le pèlerinage plus intense… et il le fut, indéniablement ! Un peu comme au Wudang Shan, le chemin principal qui mène au sommet est une succession d'escaliers ponctuée de terrasses et de temples. Mais la comparaison s'arrête là. Ici, le bain de foule n'en finit pas, de la base au sommet. Des enfants turbulents aux vieillards placides, des loqueteux en sandales crasseuses aux nouveaux riches en pompes Adidas immaculées, c'est tout un peuple qui se presse sur les flancs du Tai Shan, emportant quelques provisions terrestres pour nourrir le corps et de gigantesques bâtons d'encens pour accompagner les prières. Quoiqu’il serait même possible d'y venir les mains vides. Les revendeurs, éparpillés tout au long du parcours, ont tout ce qu'il faut, de la bonne vieille canne en bois à deux yuans au chapeau de cow-boy Marlboro, en passant par le sac de montagne et toutes sortes de boissons et nourritures.

On raconte que parvenir au sommet assure de vivre centenaire. Si j'en juge par le nombre de grands-mères et grands-pères qui s'échinent sur les pentes en s'appuyant sur leur canne, beaucoup ont l'air d'y croire. J'ai retrouvé toute ma popularité sur ces chemins très fréquentés, répondant volontiers aux "Heeeellloooo" lancés à tout va sur mon passage et échangeant sourires et poses photos contre fruits et bonbons. Arrivé au deux tiers du parcours, après deux heures et demi de route, la confiance commence à s'émousser et le rythme se fait moins glorieux. Je jette un regard fourbu vers les hauteurs. Entre les nuages, le sommet se dévoile, coiffé d'une porte jusqu'à laquelle s'étire un interminable escalier fourmillant de pèlerins. Je réajuste mon sac sur mes épaules douloureuses en maugréant quelques paroles bien senties au sujet des idées "brillantes" qui me traversent parfois l'esprit, comme celle d'embarquer tout ce barda avec moi pour l'ascension. Une heure plus tard, mes Salomon fatiguées foulent la 6660e marche, dernière du nom, qui mène au Temple de l'Empereur de Jade. Je rends un court hommage au Maître des Cieux et me trouve un coin tranquille pour pique-niquer, au milieu des rocs et des rhodos. Lorsque la brume se déchire, les pics alentours forment un panorama splendide. En contrebas, le grand escalier serpente jusqu'au pied de la montagne. L'oeil, satisfait, peut mesurer le chemin parcouru.

Je passe trois bonnes heures sur le sommet, profitant de visiter les temples célestes qui s'y dressent, de tenter en vain de décrypter les mystérieux pictogrammes taoïstes ornant les rocs et de m'amuser en entendant les Chinois hurler comme des Tarzans pour réveiller l'écho. Mes pas finissent par me conduire sur l'autre flanc du Tai Shan, où il me sera impossible de résister à un chemin solitaire descendant à travers une forêt alpine. Aucun sanctuaire ne semble ponctuer ce sentier isolé. La tranquillité des lieux est un délice ; en 1h30 de marche, je ne croise que quelques randonneurs, des paysans du coin et leurs poules et un écureuil craintif. Quel contraste!

Le sentier finit par me mener en un lieu appelé "Le jardin des pêchers en fleur". Le coin n'est toutefois pas aussi pastoral que son nom pourrait le faire croire. J'arrive en fait sur un parking, devant une station de téléphérique menant au sommet. Les pêchers ont du faire les frais de ces nouveaux investissements. Un bus touristique me conduit à la sortie du parc, le long d'une rivière élégamment aménagée pour la marche et les repas en famille au grand air. L'endroit est cependant désert. 18h00, j'ai une vague idée de la direction à prendre pour rejoindre Tai'an, mais je sais la ville bien trop éloignée pour que je puisse espérer m'y rendre à pied avant la nuit. Je décline les offres mirobolantes d'un taxi improvisé et me dirige vers un vieux bus public branlant qui semble arrêté à son terminus, au bord de la route. La conductrice me regarde avec un grand sourire quand je lui demande si son véhicule se rend à Tai'an, sans pour autant me donner de réponse. Avec l’aide de mon petit dico chinois, une vieille dame me fait comprendre que le bus rallie la gare. Oui, mais la gare de quel petit village perdu ? Bon bin, allons-y, de toute façon, à un yuan la course je n'ai presque rien à perdre. Et puis, cette gare ne peut pas être plus isolée que cet endroit. Avec de la chance, j'y trouverai un bus ou un train pour Tai'an. Le bus part et rejoint rapidement une grande route fréquentée. Une demi-heure plus tard, me voila à la gare... de Tai'an. Le conductrice me lance un regard amusé et, avant de me mettre en quête d'un hôtel pour la nuit, je remercie l'Empereur de Jade et sa clique céleste pour cette journée se concluant si parfaitement.

En attendant le train pour Qingdao

Le lendemain, j'explore en douceur la ville Tai'an. Je m'installe quelques heures dans les vastes espaces très feng-shui du Temple Dai, pour mettre sur le papier mes précédentes pérégrinations. Ensuite, pour tuer les quelques heures qu'il me reste avant de prendre le train pour Qingdao, je me rends dans un cybercafé dont un ordinateur a le bon goût de reconnaître sans autre mon lecteur mp3. Ayant malencontreusement effacé une partie de mes fichiers musicaux, je refais le plein grâce à Baidu.com. Le plus populaire moteur de recherche chinois offre la possibilité de télécharger gratuitement, très rapidement et très illégalement un choix illimité de fichiers mp3. Ah? Il m'a fallu voyager jusqu'en Chine pour trouver un digne successeur à mon bon vieux emule 😊


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7th August 2009

Ah les nouvelles continuent d'affluer avec toujours le même plaisir pour tes lecteurs :) Ah vraiement superbe ce récit, on peut presque dire que j'ai vécu l'évenement avec toi mais sans la moindre goutte de sueur ^^ Du type qui y croit à mort au début avec tous son matos jusqu'au bras tendu au somment en passant par la tête écarlate à mi-chemin :) Salutations mon petit Logan et bonne suite ! Tu salueras Sun et Jin pour moi :)
11th August 2009

Superbe
Super comme d´habitude continue comme ca mec ! Moi je t ecrit avec difficulter car j utilise le clavier tcheque de la famille Ebermann chez qui nous sommes en vacances avec joel Il te salue tous surtout babe qui est tres heureuse que tu sois parti de la russie lol bonne suite
12th August 2009

Hé hé merci les gars pour vos comments :) Promis, je passerai les salutations a Sun et Jin. Hey Casey, salue bien la Ebermann Family pour moi, ainsi que Jojo :D Y a-t-il de la Ste Barbe au programme ? Ou les bains de Karlovy Vari ? :)
14th August 2009

non ni l'un ni l'autre ! Juste prague Zamek Kosel , Marien bad et bcp de repos

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